Pour en revenir au reportage lui-même (je l'ai visionné en deux fois et j'ai terminé hier soir), il met bien en valeur plusieurs points :
- d'abord, au départ, le lobbying est une démarche officiellement incluse au niveau des instances européennes dans le sens où les députés du Parlement et les membres de la Commission ont besoin, quand ils bossent sur des aspects très techniques d'un domaine, de l'expertise des officines qui seront concernées par ces décisions techniques dans des domaines dont elles sont forcément plus expertes - a priori- que les politiques.
Il existe donc une façade "officielle" de légitimité des lobbies à Bruxelles qui peut paraître tout à fait "normale" et "logique".
Oui mais...
- Au fil du temps des relations très personnelles peuvent se nouer entre les représentants de lobbies (non élus, faut-il le rappeler- et des responsables politiques à Bruxelles - des élus, faut-il le rappeler ). Ces relations, comme le montre le reportage peuvent aller parfois jusqu'à la corruption comme ce fut le cas de ce leader des conservateurs autrichiens au Parlement :
mettez le curseur sur 10 '.)
- Des études de projets faites par la Commission sont d'exacts copier/coller de projets établis par des lobbies industriels eux-mêmes
(curseur sur 12 ' 45 s )
- Point fort du reportage sur le plan historique de l'évolution de l'UE : il montre à travers des documents écrits et authentiquement authentifiés le rôle déterminant de
la table ronde des industriels européens (sous la direction du PDG de Philips alors) qui a exercé un véritable chantage au moment de la réalisation de
l'Acte Unique européen en 1986 pour que l'Europe ne devienne pas plus politique mais continue d'être toujours plus un libre marché toujours plus concurrentiel au sein même de ses partenaires. Dans un document écrit, les meneurs de la table ronde qui représentait alors 60 % de la puissance industrielle de l'Europe, menaçait carrément Delors de s'installer hors d'Europe si cette orientation décisive n'était pas votée par les politiques. (curseur sur 37 ')
- la fin du reportage aborde une actualité plus récente : quand Bruxelles a décidé de réguler la finance après la crise de 2008. Vaste enfumage ! Voyez d'ou viennent les 8 "sages" soi-disant indépendants qui sont alors censés se mettre au travail pour réguler la finance et vous aurez tout compris
(curseur sur 70 ') : les pyromanes pompiers quoi...
Les rapports entre politiques élus et les groupes de grands industriels se font donc à Bruxelles dans une sorte "d'entre-soi", dans la plus grande opacité et en dehors de tout débat démocratique auquel les électeurs devraient être invités pour donner leurs avis. Ils sont bien loin de tout ça les électeurs...
Une chose n'est pas montrée dans le reportage mais j'imagine fort bien qu'elle existe : il doit y en avoir des professionnelles payés par les lobbies qui montent dans les chambres des députés les plus récalcitrants pour finir de les convaincre d'une manière encore plus persuasive !
A toutes fins utiles pour vos magnétoscopes, ce reportage sera rediffusé sur Arte Dimanche 24 février à 01h35 et Mardi 5 mars à 09h45.