jibe a écritPlusieurs des conditions pour qu'un logiciel soit libre peuvent se résumer à la liberté d'en faire ce qu'on veut (possibilité de le modifier, de le distribuer, de l'étudier...)
Et je parle de liberté de choix pour du matos. Je reconnais que je schématise un peu, mais pour moi c'est bien la même notion.
Je ne suis effectivement pas sûr que pour les militants intégristes, il s'agisse bien de la même notion. Mais qui n'a pas bien compris ce qu'est et ce qu'implique le logiciel libre ?
La qualification d'« intégriste » rabâchée à chaque fois que tu fais mention des gens qui ne partagent pas ton point de vue, ça peut sembler une manière efficace de les décrédibiliser, mais en pratique, ça ne fait que braquer la discussion, ça ne me semble donc pas la meilleure idée qui soit. Ce qualificatif d'« intégriste » pourrait éventuellement s'appliquer à nombre limité personnes ; ce n'est pas pour autant que tous ceux qui semblent rejoindre de près ou de loin certaines de leurs idées sont à ranger dans la même carégories, ce qui est pourtant ce que tu sembles faire ici.
Concernant la compréhension de « ce qu'est et qu'implique le logiciel libre »… quand tu utilises le terme de « logiciel libre », tu fais référence à deux choses :
– d'une part, des règles
précises d'utilisation (les quatre libertés fondamentales, que je ne pense pas avoir besoin de détailler), qui ne sont pas « la liberté de faire ce que l'on veut » (voire, par exemple, les clauses restrictives imposées par certaines licences, par exemple la « clause virale » de la GNU GPL, qui, justement, s'oppose à la « liberté d'enfermer » que tu sembles revendiquer ici).
– d'autre part, une dimension idéologique assez forte, portant notamment sur le partage de la connaissance. Cette idéologie est, ne t'en déplaise, fortement liée au concept même de « logiciel libre », ce qui est la raison pour laquelle des gens qui ne la partageaient pas (ou moins) ont créé le qualificatif d'«
OpenSource », qui désigne, juridiquement, la même chose, mais sans les pré-requis idéologiques.
Si tu considères que la « liberté » qu'aurait le constructeur de faire du matériel sans pilotes, ou avec des pilotes privatifs, est la « même notion » que celle portée par le logiciel libre, alors désolé, mais c'est manifestement toi qui n'a pas compris ce dont il est question.
L'utilisateur a le choix, bien sûr, d'accepter ou pas des licences qui restreignent ses libertés fondamentales ; nul ne saurait avoir légitimité à le « contraindre à être libre » ; mais il s'agit là de deux notion radicalement, fondamentalement différentes.
jibe a écritDans ce sens là, non, ce n'est effectivement pas du boycott ! La liberté de choix, bien sûr, c'est de pouvoir acheter... ou de ne pas acheter !
Mais je parlais du boycott que prèchent les militants intégristes : pas de driver => pas d'achat, et surtout le fait de vouloir convaincre à tout prix d'avoir cette attitude. Il y a nuance entre le fait de refuser l'achat parce que le driver n'est pas fourni (choix politique = boycott), ou de ne pas acheter parce qu'on n'arrive ni à trouver ni à fabriquer un driver (choix personnel et non militant en fonction de ses propres besoins).
Il
peut y avoir une telle nuance, dans la mesure où tu poses que ce serait à l'utilisateur de faire la démarche et l'effort de chercher à faire marcher son matériel (en devant potentiellement, au passage, se plier à des conditions d'utilisations qui ne vont pas nécessairement de soi).
Néanmoins, si l'on considère que c'est au constructeur de fournir le nécessaire acceptable pour que son matériel fonctionne, alors ne pas acheter (j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit en aucun cas de « refuser l'achat », formulation qui sous-entend que la situation « par défaut » serait l'achat, ce qui ne me paraît pas être pertinent) parce qu'un pilote n'est pas fourni, ou est fourni sous une licence qu'on ne peut pas accepter (ce qui implique que l'utilisateur doive faire lui-même le travail qu'il estime dû au constructeur), c'est très exactement la même chose que de ne pas acheter parce que ça ne fonctionnera de toute façon pas.
C'est affaire de définitions : celui qui considère que ce n'est pas à lui de fabriquer ses propres meubles ne « boycotte » pas Ikéa en se fournissant ailleurs (et dans le cas d'Ikéa, les instructions sont fournies, ce qui change énormément par rapport aux pilotes fermés). Ou alors, il faudrait admettre que nous passons notre temps à boycotter tout et n'importe quoi, puisqu'à chaque seconde de notre vie, nous ne sommes pas en train d'acheter chez la quasi-totalité des vendeurs qui existent.
Edit : je m'aperçois, à la relecture, que je n'ai, je pense, pas été assez clair du tout sur ce que je voulais dire ici. La notion de « boycott » s'applique, me semble-t-il, lorsque tu fais un choix entre plusieurs équivalents pour des motifs politiques. Par exemple, choisir, entre deux boîtes d'œufs pondus le même jour (donc, que tu vas pouvoir utiliser dans les mêmes conditions), celle qui a été obtenu de poules élevées en liberté, cela peut être qualifié de boycott des « élevage hors-sol ».
En revanche, dès lors qu'une dimention autre que le seul aspect d'engagement politique intervient, il ne s'agit plus (ou plus seulement) de boycott, parce qu'il n'y a pas d'équivalence : si, entre deux produits donnés, ton choix se fait parce que l'un des deux sera beaucoup plus simple à utiliser que l'autre (ce qui est le cas du matériel proposant des pilotes libres), ou parce que les conditions d'utilisation te semblent nettement plus honnêtes, il y a autre chose que l'éventuelle volonté politique de refuser le modèle : il y a des aspects pratiques ; le choix ne se fait pas entre équivalents.
Et, quand on conseille aux gens de n'acheter que du matériel fourni avec des pilotes libres et fonctionnels, ce sont souvent ces raisons pratiques qui sont mises en avant. Ce n'est pas un choix politique entre deux équivalents, c'est un choix dicté (au moins en partie) par des conditions d'utilisation différentes.
jibe a écritVu ainsi, tu as raison. Mais on ne parle pas de la même chose : rendre un matériel utilisable sous Linux, c'est faire en sorte qu'un bon nombre peut l'utiliser, alors que le boycott n'est généralement pratiqué que par quelques rares fanatiques... quand ça ne les dérange pas trop. Donc, il n'y a pas du tout équilibre et annulation 😉
« Rendre un matériel utilisable » quand le constructeur n'y contribue pas, ça demande des compétences qui sont loin d'être données à tout le monde ; en terme de nombre de personnes impliquées, c'est encore plus négligeable que les gens qui n'achètent pas.
Et puis, vois l'autre côté de ton argumentation : le constructeur, si seulement il se pose la question, ce qui, déjà, n'est pas forcément gagné, remarque que plein de gens continuent à acheter, alors même qu'il n'a fait strictement aucun effort pour faire marcher son truc, et qu'une poignée de gens se débrouillent déjà pour faire le boulot à sa place : il est loin d'être évident que ça va modifier son comportement à ce sujet.