godverdami a écrittoboggan a écritSolution 3 : la limitation de l'accès à la réanimation fait partie de notre quotidien (pas uniquement en cette période) et ce sont des décisions d'équipes très encadrées et "protocolisées", soumises à ce qu'on appelle des règles de bonne pratique, après discussion avec le patient et son entourage. Ce n'est pas à l'État de décider de ce genre de chose. Nos dirigeants en seraient d'ailleurs bien incapables puisque ce sont des discussions au cas par cas. Et dans ces discussion le choix du patient est déterminant. Heureusement que les autorités de tutelle ne décident pas à sa place. Mais on est d'accord que ce ne sont jamais des décision "faciles".
Je ne sais pas ce qu'il faut penser de tout ça:
ce sont des décisions d'équipes très encadrées et "protocolisées", soumises à ce qu'on appelle des règles de bonne pratique, après discussion avec le patient et son entourage.
On peut imaginer que le patient n'est pas au mieux et que la famille du patient, à défaut d'y connaitre quoique ce soit, ne peut que se rallier à l'avis des praticiens.
Et dans ces discussion le choix du patient est déterminant Compte tenu de ce ue je dis + haut on peut s'interroger sur sa capacité de décision
Donc cette procédure m'a l'air plutôt procédurale destinée à se couvrir et, de fait, c'est l'avis du praticien qui prédomine
Donc, décision de l’État? pire ou moins pire ?
Pas du tout, mais alors du tout du tout. Je m'étonne d'ailleurs de ta réaction car au détour de plusieurs de tes messages j'avais l'impression que tu connaissais un peu le monde de la santé.
La limitation des thérapeutiques, c'est ce qu'on fait à longueur d'années (je l'ai déjà expliqué dans un autre post).
Et dans les EHPAD, ce genre de décision a été réfléchi le plus souvent de longue date et non pas en situation aiguë. Ça s'appelle les
directives anticipés et c'est inscrit dans la loi (donc tu devrais connaitre).
Quand on pratique ce métier, on sait aussi que beaucoup de patients, sans qu'on leur demande, nous indiquent spontanément ne pas vouloir qu'on "aille trop loin". Globalement, les malades "graves" sont largement en avance sur ces questions éthiques et c'est très bien comme ça, ce sont eux qui font bouger les lignes.
J'ai l'impression qu'on va ici refaire le débat qui a conduit à la loi Léonetti que professionnels et patients ont mis du temps à rédiger et qu'une très large majorité considère comme un grand progrès.
Quand on pratique ce métier, on n'a pas non plus envie que sa grand-mère de 85 ans, grabataire, aille subir des soins aussi invasifs qu'un ventilation mécanique en décubitus ventral, associée à des amines vasopressives pendant 3 semaines, en raison d'un SDRA. J'appelle ça de la maltraitance insitutionnelle.
Personnellement, je ne veux pas que l'État décide à ma place de cette question éminemment intime. Et j'avoue que je suis sidéré que certains puissent l'envisager.
Cela dit, je mesure la distance qui reste à parcourir pour donner des instructions sur sa mort quand on n'est jeune et bien portant. Ce ne sont pas des discussions qu'on aime avoir avec ses proches. Tout les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Globalement tout ça est beaucoup mieux accepté dans les pays anglosaxons ou d'Europe du Nord (en commençant dès la Belgique) où les gens, en général, abordent plus facilement la question.
De ce que j'avais lu à ce moment là, la capacité d’accueil en réa avant le Covid était aux alentours de 7 500 lits
Non, c'est plutôt 5000. Là nous étions autour de 7500 au pic de la crise après avoir réquisitionné des tas de lits, au départ, non réanimatoires. D'où le fait que nous avons littéralement explosé. Si nous avions eu 7500 lits de réa avant crise on aurait pu voir venir.
diesel a écrit l'hypothèse de consignes (pas dans les détails mais sur les principes de gestion de la crise) n'est pas déconnante.
Peut être. Mais de consignes, nous n'avons pas eu.
Ce qui est en revanche déconnant c'est de penser qu'ils auraient donné des consignes, car cela aurait laissé des traces écrites qui auraient déclenché un tollé parmi les médecins. Jamais nous ne nous laisserions dicter notre conduite thérapeutique par une autorité administrative. Nous sommes trop attaché à cette prérogative qui est inscrite dans le code de déontologie.
Aucune autorité de tutelle ne se risquerait à émettre ce genre de consignes car elle sait bien que ça se retrouverait sur la place publique dans la seconde.