Comme moi vous avez certainement eu envie, à un moment ou un autre, de tenter l’installation d’autres distributions de GNU/Linux sur votre machine, sans toutefois vous séparer de votre chère Ubuntu.
Et si vous avez franchi le pas il se peut que, comme moi, vous ayez eu à surmonter un certain nombre de difficultés, notamment dues aux particularités de la gestion des disques, aux subtilités de GRUB et des installateurs propres à chaque distribution, ou encore au simple fait que les informations sur ces questions sont éparpillées un peu partout.
Le tutoriel qui suit est donc un condensé de mon expérience dans ce domaine et des informations que j’ai pu glaner ici ou là. Il a notamment pour objet de rassembler l’information à ce sujet, de manière à fournir une seule procédure que chacun pourra adapter en fonction de ses besoins et des particularités de son système.
Ce tutoriel, n’est probablement pas parfait bien qu’il se veuille le plus exhaustif possible. Il est susceptible d’évoluer.
Avant d’éventuellement choisir de l’appliquer,
lisez attentivement la partie « recommandations importantes », car je ne saurais être tenu pour responsable de dommages résultant d’une mauvaise application de ce tutoriel. Bien qu’il fonctionne parfaitement sur mon système, il se peut qu’il en aille différemment sur le votre.
Sommaire :
RECOMMANDATIONS IMPORTANTES
1 - PRÉALABLE À L’INSTALLATION D’AUTRES SYSTEMES
2 - SOLUTION SI ON OBTIENT UN MESSAGE D’ERREUR DE FSCK CONCERNANT UNE UUID NON VALIDE
3 - RESTAURATION DU GRUB D’UBUNTU
4 - MODIFICATION DU GRUB D’UBUNTU SE TROUVANT SUR LE SECTEUR D’AMORÇAGE DU DISQUE DUR : CHAINLOADING
RECOMMANDATIONS IMPORTANTES
Pour suivre ce tutoriel, je vous recommande fortement
d’avoir préalablement sauvegardé vos données personnelles (comme à chaque fois que vous devez effectuer des manipulations à risque sur votre disque dur).
Il vous faudra en outre avoir à votre disposition un Live CD de
Gparted qui pourra toujours vous servir de toute façon (et aussi parce que c’est avec celui-ci que j’ai effectué certaines opérations de ce tutoriel... 😉).
Toutefois, si vous ne voulez (ou ne pouvez) pas utiliser ce Live CD de Gparted, il vous faudra au moins avoir à votre disposition un Desktop CD fonctionnel d’Ubuntu.
Par fonctionnel, je veux dire un Desktop CD avec lequel vous parvenez à accéder à l’interface graphique ou à un terminal. En effet, chez moi, le Desktop CD pose soucis à cause de ma carte graphique NVIDIA bien que je parvienne à le lancer après quelques réglages.
Je vous recommande aussi vivement d’avoir une parfaite connaissance de votre schéma de partitionnement, c’est à dire la façon dont est partitionné votre disque dur ainsi que les identifiants (hda1, hda2, etc...) et le type de format (ext2, ext3, reisrf, etc) de chacune de ces partitions.
C’est à ce niveau là que le programme Gparted (et donc éventuellement un Live CD de celui-ci) est très utile, car il vous permet de visualiser très clairement vos différentes partitions, de même qu’il vous permet de préparer votre disque dur à recevoir d’autres distributions.
Une fois que votre disque est prêt, c’est à dire que vous avez au moins libéré de la place pour une autre distribution ou bien que vous avez identifié quelles partitions vous prévoyez de formater pour remplacer leur contenu par la nouvelle distribution : notez précisément votre actuel schéma de partitionnement (liste des partitions et de leurs systèmes de fichiers respectifs).
Voici, à titre d’exemple mon propre schéma de partitionnement :
hda1 - partition ntfs qui contient un système d’exploitation
privateur bien connu
hda2 - partition étendue qui contient :
hda5 - partition ext3 destinée à monter la racine / d’un système GNU/Linux
hda6 - partition swap destinée à un système GNU/Linux
hda7 - partition ext3 destinée à monter le répertoire /home d’un système GNU/Linux
hda11 - partition ext3 destinée à monter le répertoire /boot d’un système GNU/Linux
(Cette partition /boot séparée n’est pas indispensable mais recommandée par certaines distribs.)
hda8 - partition ext3 dans laquelle est montée la racine / de mon système Ubuntu
hda9 - partition swap utilisée par Ubuntu
hda10 - partition ext3 dans laquelle est monté le répertoire /home d’Ubuntu
On notera que ce schéma n’est ni parfait ni idéal. Ce n’est qu’un exemple fonctionnel de la façon dont peut être partitionné un disque destiné à contenir 3 systèmes différents dont 2 GNU/Linux.
Autre point
très important si vous avez plusieurs disques durs : vous devez absolument savoir deux choses essentielles à leur sujet. La première, c’est quel est l’ordre dans lequel la séquence de boot (également dite « d’amorçage ») du BIOS fait référence à vos disques. C’est en effet à cet ordre là que le chargeur GRUB fait référence pour numéroter les disques, tandis qu’Ubuntu numérote les disques en fonction de leur mode de branchement physique (hda=premier disque maître du premier contrôleur IDE, et ainsi de suite).
La seconde chose à savoir est donc, dans quel ordre Ubuntu identifie vos disques et quelle est la correspondance avec la numérotation de GRUB.
Un moyen simple de savoir quelle est cette correspondance, c’est à dire comment GRUB identifie les disques par rapport à Ubuntu, c’est d’afficher le contenu du fichier device.map via un terminal :
gedit /boot/grub/device.map
Attention toutefois... Il se peut que cette correspondance soit fausse. Elle n’est valable que si vous n’avez pas modifié l’ordre des disques durs dans la séquence d’amorçage de votre BIOS depuis que vous avez installé Ubuntu.
Je vous recommande vivement aussi de
lire le présent tutoriel en entier une première fois avant de l’appliquer pour vous assurer que vous comprenez bien chacune des manipulations à effectuer et me faire éventuellement part de vos remarques pour son amélioration.
Enfin,
il est essentiel d’imprimer l’intégralité du présent tutoriel si vous voulez l’appliquer, ceci pour des raisons de commodité et de sécurité.
Au départ, vous avez donc à votre disposition :
- Un système sur lequel Ubuntu est installé, peut-être même déjà en double amorçage (dual boot) avec un système d’exploitation privateur préexistant.
- Un Live CD de Gparted (recommandé) ou un Desktop CD d’Ubuntu.
- Le CD d’installation d’au moins une autre distribution.
- Votre schéma de partitionnement.
- La correspondance entre d’une part les numérotations de vos disques et partitions par GRUB et d’autre part ces mêmes numérotations par Ubuntu.
- Le présent tutoriel que vous avez imprimé.
Par défaut, je privilégie les explications pour un système à un seul disque dur puisque c’est la seule configuration que j’ai pu expérimenter en détail. Mais il est parfaitement possible d’adapter ce tutoriel pour une configuration à plusieurs disques durs.
Nous allons donc voir maintenant comment installer proprement d’autres distributions GNU/Linux à côté d’une Ubuntu déjà installée.
1 - PRÉALABLE À L’INSTALLATION D’AUTRES SYSTEMES
Il existe une procédure indispensable à suivre dans le cas où on dispose d’une version d’Ubuntu installée sur un disque dur et que l’on veut installer une autre distribution sur d’autres partitions de ce même disque dur. Surtout si les partitions en question sont automatiquement montées au démarrage d’Ubuntu (car elles sont présentes dans son fichier
fstab).
En effet, dans un tel cas de figure, si on formate les partitions en question pour installer une nouvelle version d’Ubuntu, ou une autre distribution de GNU/Linux, en parallèle à la version d’Ubuntu déjà présente sur le disque dur, la version d’Ubuntu déjà installée ne parvient plus à se lancer et, lors du démarrage, le programme fsck renvoie un message d’erreur de ce type :
fsck.ext3: Unable to resolve 'UUID=21d2f9da-f1ea-4221-981e-ff7bd1d39f10'
fsck died with exit status 8
Si suite à une tentative d’installation d’une autre distribution ou à un formatage de partitions, vous avez un tel message au démarrage d’Ubuntu, passez à la partie 2 du présent tutoriel.
Sinon, lisez attentivement ce qui suit
AVANT d’installer une autre distribution en parallèle d’Ubuntu.
-----------------
Cas n°1 : Les partitions où vous voulez installer l’autre distribution sont automatiquement montées par Ubuntu au démarrage.
Il s’agit du cas où les partitions en question apparaissent sur votre bureau et se trouvent dans le fichier fstab (situé dans le répertoire /etc).
Dans ce cas, la meilleure chose à faire lorsqu’on prévoit d’installer un autre système qui nécessitera le formatage de partitions montées par le fstab d’Ubuntu, c’est de supprimer, préalablement à leur formatage, toute référence à ces partitions dans le fstab.
Pour ce faire, on lance Ubuntu, on ouvre un terminal et on tape la commande suivante pour pouvoir éditer ce fichier :
gksudo gedit /etc/fstab
(sous Kubuntu on tapera plutôt «
kdesu kate /etc/fstab »)
Dans le fichier fstab il faut alors repérer les lignes faisant référence aux partitions que l’on prévoit de formater pour l’installation du nouveau système. Par exemple, si on prévoit de formater hda5, on repère les deux lignes qui lui correspondent et qui ressemblent à ceci :
# /dev/hda5
UUID=cc9jsort-3f21-7cf7-8b4e-yh05acd8c4e7 /media/hda5 ext3 defaults 0 2
Et ainsi de suite pour chaque partition à formater.
On sélectionne alors les lignes en question, on les coupe et on les colle les unes à la suite des autres dans un nouveau fichier texte qu’on enregistre où l’on veut pourvu qu’on s’en souvienne (par exemple sur le Bureau) et qu’on peut par exemple nommer « lignes-supprimees-du-fstab.txt ».
On a donc supprimé du fstab les lignes en question. Ainsi notre fstab a changé. Il est débarrassé des lignes faisant référence aux partitions à formater et il n’y reste que des lignes concernant des partitions et périphériques sur lesquels
on interviendra pas lors de l’installation d’autres systèmes. On a plus alors qu’à enregistrer notre fichier fstab en l’état, tel qu’il se présente après modification.
-----------------
Cas n°2 : Les partitions où vous voulez installer l’autre distribution n’existent pas encore (car vous devez les créer) ou bien elles ne sont pas montées automatiquement au démarrage d’Ubuntu (le fichier fstab ne les mentionne pas).
Dans ce cas, vous n’avez rien de spécial à faire si ce n’est éventuellement re-dimensionner des partitions existantes sur votre disque dur pour faire de la place à celles qu’il faut créer. Cela peut se faire très efficacement avec l’aide de Gparted.
-----------------
Nous voilà donc prêts pour installer le nouveau système. Mais attention...
****************
ATTENTION !
Lors de toute installation d’une ou plusieurs autres distributions GNU/Linux que le système Ubuntu initial, il est IMPÉRATIF d’indiquer à l’installateur de chacune d’entre elles que son propre chargeur GRUB doit être enregistré sur la partition contenant le /boot de la distribution en cours d’installation (partition racine / du système si on a pas eu besoin de créer de partition /boot séparée).
En effet, si on oublie d’installer le GRUB d’une nouvelle distribution dans la partition contenant le /boot de cette même distribution, c’est alors dans le secteur d’amorçage (boot sector) du premier disque dur (hd0) que son GRUB sera installé.
Cela aura pour conséquence fâcheuse d’écraser le GRUB d’Ubuntu, s’il avait été installé à cet emplacement, ou bien de prendre le pas sur tout autre lanceur situé sur un autre disque.
Ubuntu risque alors de ne plus se lancer sans nécessiter une intervention manuelle sur ce nouveau GRUB.
Et même si Ubuntu se lance ensuite normalement (parce qu’il a été reconnu par l’installateur de votre autre distribution), indiquer aux autres distributions que leur GRUB doit s’installer sur hd0 est hasardeux car, à chaque mise à jour du noyau d’une des distributions, c’est le GRUB de celle-ci qui vient écraser le précédent et il faut systématiquement re-paramétrer ce dernier GRUB manuellement pour y indiquer la présence des autres distribs..... fastidieux !
On verra plus loin comment faire pour éviter ça, en modifiant le GRUB d’Ubuntu auquel on a pas touché au départ et en y créant un ou plusieurs « chainloaders ».
****************
« C’est bien joli tout ça, mais maintenant que j’ai installé ma nouvelle distrib, je ne la vois pas quand je redémarre : elle n’est pas présente dans GRUB puisqu’il s’agit du GRUB d’Ubuntu auquel ce tutoriel m’a dit de ne pas toucher pour l’instant ! Je fais comment pour qu’elle y soit ? »
C’est justement ce que nous allons voir un peu plus loin. Pour l’instant il va nous falloir régler Ubuntu pour qu’il monte automatiquement au démarrage les partitions de la nouvelle distribution installée.
« Mais comment faire pour voir les partitions de mon nouveau système dans Ubuntu ? »
Suite au formatage de ces partitions et à l’installation de l’autre système, il suffit de relancer Ubuntu et de les réintégrer au fstab tout en ayant relevé leurs nouvelles UUID avec la commande :
sudo vol_id -u /dev/hdaX
Où X est à remplacer par le numéro de chaque partition qui a été formatée.
Chacune de ces partitions sera remontée dans le répertoire /media/hdaX correspondant que nous n’avions pas supprimé au départ.
C’est ici que la sauvegarde des lignes du fstab que nous avions retirées va nous être utile.
Après avoir relevé les nouvelles UUID des partitions formatées, ouvrez d’une part le fstab pour l’éditer comme nous l’avions fait tout à l’heure :
gksudo gedit /etc/fstab
Ensuite ouvrez d’autre part le fichier contenant les lignes du fstab que nous avions supprimées (fichier « lignes-supprimees-du-fstab.txt » si vous l’aviez nommé comme moi).
Vous n’avez plus alors qu’à réintégrer au fstab les lignes supprimées tout en modifiant les UUID (qui sont périmées puisque nous avons formaté ces partitions) et en les remplaçant par les bonnes UUID.
Ainsi donc, si la modification préalable du fstab a bien été effectuée avant de formater les partitions et d’y d’installer le nouveau système. Et si, après installation de cet autre système, vous avez pu correctement réintégrer ces partitions au fstab d’Ubuntu en y corrigeant les numéros d’identifiant UUID. Alors vous pouvez redémarrer Ubuntu qui doit se lancer correctement et vous monter automatiquement les partitions de votre nouvelle distrib toute neuve. Vous pouvez donc passer directement à la partie 4 consacrée au « chainloading ».
Sinon, c’est que vous avez certainement rencontré un problème bien connu et vous devez alors lire ce qui suit.
2 - SOLUTION SI ON OBTIENT UN MESSAGE D’ERREUR DE FSCK CONCERNANT UNE UUID NON VALIDE
Dans l’éventualité où on aurait pas effectué la suppression préalable dans le fstab d’Ubuntu des partitions à formater, ou bien si on a fait une erreur en modifiant le fstab, on va rencontrer un problème. Ubuntu refuse de se lancer complètement et le programme fsck affiche un message d’erreur portant sur une ou plusieurs UUID. Cela ressemble à ceci :
fsck.ext3: Unable to resolve 'UUID=21d2f9da-f1ea-4221-981e-ff7bd1d39f10'
fsck died with exit status 8
Le message d’erreur en question est dû au fait que les identifiants des partitions (UUID) ont été modifiés par le formatage, alors que le fichier fstab (/etc/fstab) de la version d’Ubuntu conservée sur le disque dur a gardé en mémoire les anciens UUID des partitions formatées (ou bien une version erronée de ces UUID si vous l’avez modifié manuellement à l’étape précédente et que vous avez commis une erreur).
Pas de panique ! Il est possible de remédier facilement à ceci grâce à un Live CD de Gparted ou un Desktop CD d’Ubuntu. La méthode suivante se base sur le Live CD de Gparted mais peut aisément être adaptée au live CD d’Ubuntu (dans ce dernier cas utiliser sudo avant chaque commande, remplacer l’éditeur vim par gedit et monter la partition indiquée à l’étape 6 dans un répertoire /mnt/ubuntu qui remplace celui créé à l’étape 5).
Pour réparer la version d’Ubuntu qui refuse de se lancer, il va falloir en premier lieu éditer son fichier fstab et y indiquer les bons identifiants UUID.
Pour procéder à cette réparation, voici les étapes à suivre avec le Live CD de Gparted :
1 - Lancer le live CD de Gparted (en choisissant le driver VESA si on rencontre des problèmes d’affichage). Si l’environnement graphique Fluxbox du Live CD de Gparted s’est lancé correctement, on doit pouvoir déplacer la fenêtre de Gparted qui s’ouvre au démarrage de la session. Si ce n’est pas le cas, utiliser la combinaison de touche Ctrl+Alt+Del et taper la commande
startx pour relancer le serveur graphique correctement.
2 - Fermer l’utilitaire de gestion des partitions qui se lance automatiquement (on en aura pas besoin).
3 - Ouvrir un terminal. Par défaut, on est identifié dans ce terminal en tant que super utilisateur (root). Ceci est normal et va nous être utile pour le bon déroulement des opérations qui vont suivre. Toutefois,
veuillez noter qu’il est important de ne pas faire n’importe quoi dans un terminal super utilisateur tel que celui-ci. Si vous vous aventurez à y tester d’autres commandes que celles indiquées dans le présent tutoriel, vous avez sacrément intérêt à savoir ce que vous faites...
4 - Afficher les UUID de toutes les partitions (ou uniquement de celles qu’on vient de formater) via la commande suivante :
vol_id -u /dev/hdaX
Dans laquelle le X de hdaX est à remplacer par le numéro de partition (par exemple hda5, hda6, etc.). Il faudra donc taper plusieurs fois la commande pour relever les UUID de chaque partition.
5 - Si on a réussi à ouvrir l’environnement graphique du Live CD de Gparted correctement, on doit pouvoir lancer un deuxième terminal super utilisateur, ce qui est plus commode pour travailler car on va devoir recopier les nouvelles UUID des partitions dans le fichier fstab d’Ubuntu. Si on ne parvient pas à ouvrir de second terminal ce n’est pas grave, mais il faudra juste penser à relever chaque UUID sur papier en prenant grand soin de ne pas faire d’erreur lorsqu’on les recopie (fastidieux...).
A l’aide du nouveau terminal, ou du terminal en cours, on va alors monter la partition contenant le répertoire /boot du système Ubuntu qui ne se lance plus.
Si on a pas de partition /boot séparée, c’est la partition racine / d’Ubuntu qu’il faudra monter. Le Live CD de Gparted est en fait une version adaptée de la distribution Gentoo. Lorsqu’on monte une partition contenant des fichiers systèmes sensibles sur ce système Gentoo (tels que le « menu.lst » de GRUB ou le « fstab » par exemple), il faut monter ces partitions dans « /mnt/gentoo » pour pouvoir les explorer correctement (si on les monte directement dans /mnt, on aura pas accès aux fichiers souhaités). On va donc au préalable créer un répertoire portant n’importe quel nom qu’on veut (par exemple « ubuntu ») dans /mnt/gentoo :
mkdir /mnt/gentoo/ubuntu
6 - Puis on monte la partition qui nous intéresse, c’est à dire la partition racine qui contient le fstab d’Ubuntu (dans l’exemple suivant c’est la partition hda8, mais cela peut être différent sur votre système) :
mount /dev/hda8 /mnt/gentoo/ubuntu
7 - On se place ensuite dans le répertoire de la partition qu’on vient de monter :
cd /mnt/gentoo/ubuntu
8 - Et on ouvre le fichier fstab avec l’éditeur Vim :
vim /etc/fstab
9 - Une fois le fstab ouvert dans Vim, on place, à l’aide des flèches du clavier, le curseur au début de chaque UUID à éditer et on les modifie en se plaçant en mode insertion (touche « i ») et en indiquant les bons identifiants qu’on a relevé précédemment.
Pour revenir en mode normal (mode qui donne accès aux commandes de Vim), appuyer sur Echap.
Si on a fait une erreur de frappe, on pourra, depuis ce mode normal, les annuler en appuyant sur la touche « u » (pour undo).
Une fois qu’on a édité les UUID des partitions posant problème, on sort de Vim depuis le mode normal (touche Echap pour revenir en mode normal) en appuyant sur la touche « : » puis sur « x ». Cela a pour effet de sauvegarder le fichier et de quitter. Si on veut sortir sans sauvegarder le fichier (cas ou on a fait une grosse erreur de frappe et ou on veut tout recommencer), on appuie alors sur « : » puis sur « q » (pour quitter).
Si vous aviez simplement formaté des partitions sans écraser le GRUB d’Ubuntu, vous pouvez passer directement à la partie 4.
Sinon, c’est que votre Ubuntu se lance à partir du GRUB de votre nouvelle distribution, parce que vous avez malencontreusement installé celui-ci dans le secteur d’amorçage de hd0. C’est justement ce que nous voulons éviter et nous verrons comment faire à l’étape 4. Mais auparavant, on va devoir restaurer le GRUB d’Ubuntu.
Redémarrer votre système en oubliant pas de retirer le live CD de Gparted (ou le Desktop CD d’Ubuntu). Démarrer Ubuntu qui doit maintenant se lancer sans problème. Si Ubuntu ne se lance toujours pas et que vous avez toujours une erreur d’UUID via fsck, c’est probablement parce que vous avez mal recopié les UUID lors des étapes précédentes. Reprenez calmement la partie 2 du présent tutoriel depuis le début.
Sinon Ubuntu doit se lancer normalement et nous allons pouvoir restaurer notre GRUB initial avant de le modifier.
3 - RESTAURATION DU GRUB D’UBUNTU
(Note : cette étape peut normalement s’effectuer aussi depuis un Desktop CD d’Ubuntu.)
Lancer Ubuntu depuis le disque dur, ouvrir un terminal et taper :
sudo grub --batch
Si on ignore sur quelle partition se trouvent les fichiers de GRUB (normalement c’est sur la partition racine d’Ubuntu / ou sur la partition /boot d’Ubuntu si on en a une) taper la commande suivante :
find /boot/grub/stage1
Cette commande indique où sont situés ces fichiers.
Si vous avez déjà installé une autre distribution qu’Ubuntu, la commande vous renverra probablement au moins 2 réponses (mais peut-être pas). L’une de ces réponses sera la partition de notre système Ubuntu qui contient les fichiers du GRUB d’Ubuntu (partition qui contient le répertoire /boot d’Ubuntu).
Supposons que, parmi les propositions qu’elle retourne, cette commande indique par exemple (hd0,7).
Connaissant mon schéma de partitionnement ainsi que les principes de numérotation des partitions par GRUB (pour GRUB hd0 = « premier disque dur de la séquence de boot du BIOS » et le numéro qui suit est celui d’une partition, comptée à partir de 0, ce qui fait que, chez moi qui n’ai qu’un disque dur, alors « hd0,0 renvoyé par GRUB » = hda1), je sais donc que hd0,7 correspond à ma partition hda8 et que c’est celle-ci qui contient le répertoire /boot d’Ubuntu (puisque je n’ai pas de partition /boot séparée pour Ubuntu). C’est donc la bonne partition et elle est bien identifiée par GRUB. Je peux donc taper ensuite la commande suivante qui indique à GRUB où sont situés les fichiers du GRUB d’Ubuntu qu’il doit utiliser pour s’installer :
root (hd0,7)
Notez bien que chez vous, la commande « find » utilisée précédemment vous renverra très certainement vers d’autres partitions que hd0,7. D’où l’utilité de bien connaître votre schéma de partitionnement pour trouver quelle est la bonne (celle où se trouve le /boot d’Ubuntu) et, si vous avez plusieurs disques durs, de bien connaître la façon dont ceux-ci sont installés, partitionnés et dont ils sont référencés dans votre BIOS.
L’étape suivante consiste à indiquer à GRUB sur quel disque il doit réinstaller le chargeur. Si par exemple on souhaite le réinstaller sur le secteur d’amorçage du premier disque dur référencé dans la séquence d’amorçage du BIOS, c’est à dire hd0, alors on tapera :
setup (hd0)
Il n’y a plus qu’à taper la commande suivante pour sortir :
quit
Le GRUB d’Ubuntu est maintenant restauré sur le secteur d’amorçage du premier disque dur de la séquence paramétrée dans le BIOS.
4 - MODIFICATION DU GRUB D’UBUNTU SE TROUVANT SUR LE SECTEUR D’AMORÇAGE DU DISQUE DUR : CHAINLOADING
Suite aux étapes précédentes nous avons :
- Le chargeur GRUB d’Ubuntu qui est resté inchangé ou qui a été restauré.
- Une distribution Ubuntu qui se lance normalement et peut monter les partitions du système nouvellement installé (voir fin de l’étape 1 pour le remontage automatique de ces partitions à chaque lancement d’Ubuntu)
- Une autre distribution qui ne se lance pas encore car elle n’apparaît pas ou plus dans GRUB.
Il s’agit donc ici de voir comment indiquer au GRUB d’Ubuntu l’existence de cette nouvelle distribution et nous permettre de la charger.
On procédera de la sorte :
1 - Lancer Ubuntu et ouvrir un terminal.
2 - Taper la commande :
gksudo /boot/grub/menu.lst
3 - Aller à la fin du fichier (après la mention « END DEBIAN AUTOMAGIC KERNELS LIST ») et ajouter ceci
si vous n’avez qu’un seul disque dur :
title Charger le GRUB de « nom du système »
root (hd0,X)
chainloader +1
boot
Dans ce que l’on vient d’ajouter, le X de (hd0,X) est à remplacer par le numéro de la partition où on a installé le GRUB de la nouvelle distribution. Par exemple si le GRUB de cette nouvelle distribution se trouve sur la partition hda11 alors on indiquera (hd0,10) car, comme on l’a vu, GRUB numérote les disques et les partitions à partir de 0 (dans le cas présent hd0,10 est la partition 11 du premier disque dur de la séquence de boot, c’est à dire ici hda11).
Bien entendu, la mention « nom du système » est à remplacer par le nom de la nouvelle distribution qu’on veut charger... Ou par absolument tout ce qu’on veut d’autre, puisqu’on est libre d’indiquer tout ce qui nous passe par la tête après la mention « title », pourvu qu’on se souvienne ensuite à quoi ça correspond ou que le titre indiqué soit suffisamment explicite.
Dans l’éventualité où vous auriez plusieurs disques durs, la ligne
root (hd0,X) n’est peut-être pas bonne. En effet, dans ce cas, tout dépend du disque dur sur lequel vous avez installé votre seconde distribution et de la position que ce disque occupe dans la séquence de boot (dite également « d’amorçage ») définie par le BIOS.
Si par exemple vous avez installé votre nouveau système GNU/Linux ainsi que son chargeur GRUB sur le second disque dur de la séquence d’amorçage du BIOS alors la bonne syntaxe est pour vous
root (hd1,X), ligne dans laquelle X correspond toujours au numéro de la partition comptée à partir de 0 (1ère partition=0, deuxième partition=1, etc).
Voilà c’est tout.
En ayant configuré GRUB de cette manière, chaque distribution est totalement indépendante l’une de l’autre et l’installation d’un nouveau noyau Linux sur l’une ou l’autre des distributions n’affecte en rien le GRUB des autres, tout en nous permettant de toujours pouvoir les lancer.
Cette forme d’installation des distributions (GRUB indépendant) et de réglage du GRUB d’Ubuntu (incorporant les autres GRUBs via des chainloaders) est de loin la plus propre et la plus sûre lorsqu’on veut utiliser au moins une autre distribution GNU/Linux sur un même disque dur où Ubuntu est déjà installée. Cela vous évitera en tout cas bien des désagréments.
Maintenant que vous avez suivi ce tutoriel vous devez donc avoir au moins sur votre disque :
- Votre distribution Ubuntu.
- Une autre distribution GNU/Linux.
- Le chargeur GRUB d’Ubuntu dont une ligne (le chainloader que nous avons ajouté) renvoie vers celui de votre autre distribution.
- Le chargeur GRUB de votre autre distribution qui sert à démarrer sur celle-ci.