Bennett
Voilà, j'utilise des logiciels open source depuis longtemps, linux depuis moins longtemps et j'ai encore du mal à saisir comment "tout ça fonctionne". On a d'un point de vue extérieur une vision idylique du libre: des gentils programmeurs passent leur w-e à dévelloper des softs pour le bien de tout le monde.
En vérité, renseignements pris, c'est pas tout à fait comme ça que ça marche... En vérité, il semblerait que beaucoup d'argent gravite autour du libre, ce qui ne peux pas manquer d'apparaître contradictoire. Ainsi, je me pose quelque questions légitime au sujet du rapport entre le logiciel libre et l'argent:
1) comment se fait-il que des distribution linux soient payantes ??? Si un programme est libre et open source, n'importe qui peut obtenir son code source et donc le recompiler pour en faire une version gratuite ??? Je ne comprend pas du tout comment ça marche ça....
2) comment "génère"-t-on de l'argent avec un logiciel libre ? en l'adaptant ? le modifiant ? en apprenant au gens à s'en servir (cours) ? en l'entretenant ? est-ce bien les seules formes de revenus que les entreprises obtiennent avec le libre ou y a-t-il d'autre sources ?
3) un amis connaisseur m'avais dit que 60% du code de linux (en gros) était écrit par des gens "payé pour le faire". Et que donc "seulement" 40% du dévellopement est le fruit de bénévoles passionnés. Expliquez-moi quel est l'intérêt de société à vocation lucratives à travailler pour un logiciel (linux mais il y en a d'autres) que l'on va ensuite donner ?
Vous l'aurez compris, j'ai pas encore vraiment "saisi" l'esprit du libre et pourtant j'ai pas mal lu sur le sujet... Merci de vos explications et clarifications ! 😉
Mornagest
Une grosse source de revenus pour les développeurs, c'est le support technique vendu aux entreprises. L'immense majorité des distributions pour les particuliers sont totalement gratuites (sinon toutes, je n'en suis pas certain cependant, il en existe bien trop pour que je me renseigne là-dessus 😛).
Des logiciels libres sont également développés pour des entreprises : faire tourner une machine, gérer un stock, un parc automobile, etc... totalement comme un logiciel "classique" propriétaire. Là aussi, le support technique est vendu...
Pour Ubuntu, c'est un cas particulier. Le projet est financé par son mécène, Mark Shuttleworth, milliardaire sud-africain. Ce qui fait que des gens peuvent être salariés et travailler exclusivement sur le projet, sans crainte pour les fins de mois difficiles...
Ma petite contribution, très incomplète 😉
DnS
Il faut voir avec le Libre l'exploitation financière de son utilisation et non pas du produit en lui même.
Les sociétés qui embauchent des développeurs de logiciels libres le font non pas pour le logiciel lui même mais pour monétiser l'utilisation qui en sera fait .
D'un point de vue marketing il peut être interressant de mettre en avant le dynamisme du Libre et sa pérénité pour assurer à ses clients , par exemple constructeurs de matériels divers , qu'ils n'ont pas à s'en faire pour leur avenir de ce côté là.
C'est un poid énorme au niveau gestion qui leur est enlever.
Je trouve ça bien , ça dynamise la concurrence.
edit : en ce qui concerne les distributions payantes , tu ne paies pas la distribution mais l'expertise technique.
GentooUser
Y'a le livre Tribune Libre par "les Ténors de l’Informatique Libre" dispo en PDF, ça date pas mal mais ça donne un aperçu de quelques Business Model.
GentooUser
Mornagest a écritUne grosse source de revenus pour les développeurs, c'est le support technique vendu aux entreprises. L'immense majorité des distributions pour les particuliers sont totalement gratuites (sinon toutes, je n'en suis pas certain cependant, il en existe bien trop pour que je me renseigne là-dessus 😛).
Des logiciels libres sont également développés pour des entreprises : faire tourner une machine, gérer un stock, un parc automobile, etc... totalement comme un logiciel "classique" propriétaire. Là aussi, le support technique est vendu...
Pour Ubuntu, c'est un cas particulier. Le projet est financé par son mécène, Mark Shuttleworth, milliardaire sud-africain. Ce qui fait que des gens peuvent être salariés et travailler exclusivement sur le projet, sans crainte pour les fins de mois difficiles...
Ma petite contribution, très incomplète 😉
Y'a aussi les cas ou le logiciel libre n'est pas directement source de revenus pour l'entreprise mais participe a son développement ou permet de réduire ses coûts.
- Toutes les implémentations de référence des protocoles internet sont sous licence BSD car limiter leur implémentation nuirait a leur développement et donc a celui des entreprises qui développent pour ces standards (Serveur Web, client VoIP)
- Le libre est une bonne solution pour partager les coûts entres entreprises mêmes concurrentes de façon informelle et sans prise de contact directe. C'est ce qu'a fait je ne sait plus quel constructeur automobile en lançant sa plate-forme d'informatique embarqué Libre basée sur Linux, vu la spécificité de ce type de solution il est clair que ce que cherche ce constructeur c'est de partager le coûts avec ses concurrents.
- Ajouter le support de son matériel au noyau Linux (un téléphone portable par exemple) coûtera moins cher que de développer un OS en interne. et ne donnera pas lieux au paiement de licence a un éditeur tier sur chaque matériel vendu ce qui peut représenter un coût énorme sûr la durée de commercialisation du produit.
Bennett
Merci pour ces quelque explications mais je dois avouer que je les ai pas toutes comprises. Il faut dire que mes connaissances en matière de gestion d'entreprise sont, hem..., limitées 😉 Est-ce que par hasard vous auriez des exemple concrets de la récolte de fond d'une société dans le libre ? Histoire que je comprennne mieux le schéma.
Draky
On dirait un journaliste 😛
Bennett
Draky a écritOn dirait un journaliste 😛
Je prend ça pour un compliment... 😉
Disons que c'est toujours gênant d'expliquer le libre si on ne l'a pas compris soit-même. Comme j'ai envie de l'expliquer, j'ai envie de le comprendre, quitte à passer pour un journaliste 😛 !
Par exemple: qu'est ce qui empêche une boîte d'embaucher des informaticiens spécialisés en linux et ainsi se passer du support officiel et payant ?
Nihilo
Je pense que c'est aussi, et avant tout, une philosophie 😉 "Libre" ça fait rêver 🙂
Plus sérieusement, le libre permet, selon moi, de développer de la qualité et de la sécurité (dû aux sources ouvertes et à la contribution de milliers de personnes) sans cette notion horrible de "plus d'argent, encore, encore".
C'est le partage, l'entraide. Faire payer les services autour nous permet de vivre. On a beau changer le monde informatique, on peut difficilement changer la société, on doit se soumettre à elle.
La total liberté serait que l'argent disparaisse et que tout soit fondé sur l'échange, comme le système de SEL
http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_d%27%C3%A9change_local
Je te propose mes compétences, en échange je veux 10 kilos de tes pommes de terres 🙂
Je m'écarte :p
Mais on ne peut vendre un logiciels qui est le fruit de milliers de bénévoles : imagine l'injustice !
C'est en partageant qu'on avance : la connaissance pour tous, librement et gratuitement.
Le Galéanthrope
GentooUser
Bennett a écritDraky a écritOn dirait un journaliste 😛
Je prend ça pour un compliment... 😉
Disons que c'est toujours gênant d'expliquer le libre si on ne l'a pas compris soit-même. Comme j'ai envie de l'expliquer, j'ai envie de le comprendre, quitte à passer pour un journaliste 😛 !
Par exemple: qu'est ce qui empêche une boîte d'embaucher des informaticiens spécialisés en linux et ainsi se passer du support officiel et payant ?
Rien ! Comme rien n'a empêché Oracle de vendre du support pour la distribution de Red Hat en concurrence avec celui-ci.
C'est aussi une garantie pour le client qu'il pourra aller voir ailleurs ou continuer le développement en interne si l'éditeur disparaît.
Bref faut vraiment lire Tribune Libre que j'ai cité plus haut !
http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre2208.html
Version PDF :
http://gentoouser.free.fr/tribunelibre.pdf
Mornagest
C'est ce qui se passe chez nous, les trois informaticiens sont pro-libre, le réseau tourne sur Debian et ils offrent la possibilité d'avoir Kubuntu plutôt que Windows XP comme station de travail (ce que je me suis empressé d'accepter). Ce qui limite les frais d'intervention, quand il y en a à faire (c'est rare, sauf quand les capacités du serveur atteignent leurs limites).
lawl
Expliquez-moi quel est l'intérêt de société à vocation lucratives à travailler pour un logiciel (linux mais il y en a d'autres) que l'on va ensuite donner ?
Par exemple prend IBM qui fait parti ce ces gros contributeur il vende du hardware qui marche grâce à Linux. Il vont donc développer des choses spécifique pour leur propre besoin qui peux par la suite être intégré au noyaux mais aussi améliorer l'existant car il en ont besoin (meilleur perf, bug, ect..)
On contribue parce que l'ont est aussi utilisateur, entreprise ou particulier.
Jarvis
Voilà quelques idées pourquoi les entreprises ont intérêt à développer pour le libre :
* avoir des pilotes/logiciels avec moins de coût que si c'était propriétaire (GPU AMD, Apple).
* améliorer les pilotes pour empêcher la concurrence de vivre (IBM, combat d'INTEL contre l'ARM).
* avoir une bonne image de marque dans le monde du libre (le buzz de l'année passée sur l'eeePC en est une illustration).
* son idéologie (Red Hat, Canonical, la fondation Mozilla)
* avoir un monopole (Google)
Bennett
Mais si je ne me trompe pas, linux rapporte de l'argent dans un cadre professionnel ? Ce qui signifie qu'aucun utilisateur privé de linux ne "rapporte" d'argent. Par exemple, je ne me vois pas rapporter de l'argent à Canonical pour l'utilisation d'Ubuntu...
Ce qui me pousse à m'interroger sur l'utilité de "diffuser" le système et pour ce faire de le rendre le plus "user friendly". Ubuntu a comme but revendiqué de se diffuser le plus possible dans le grand publique. Or c'est par définition une population "qui ne peut pas rapporter" ?
Jarvis
Bennett a écritCe qui me pousse à m'interroger sur l'utilité de "diffuser" le système et pour ce faire de le rendre le plus "user friendly". Ubuntu a comme but revendiqué de se diffuser le plus possible dans le grand publique. Or c'est par définition une population "qui ne peut pas rapporter" ?
Dans les années 90, beaucoup de gens pirataient Windows. Ainsi Microsoft n'a quasiment pas gagné un rond avec ça mais a réussi à établir un monopole. Ce qui a obligé les entreprises à investir dans des licences Windows car les employeurs savaient qu'au moins les employés n'étaient pas déroutés par ce système d'exploitation.
Je pense que Canonical essaie de faire un peu la même chose avec Ubuntu...
Beamo
Bonjour,
Je te conseil ce petit document expliquant quelques modèles du libre :
www.aful.org/media/document/Dossier-modeles-economiques-logiciels-libres-20070608.pdf
Beamo
Zakhar
Un célèbre démagogue a dit : "Travaillez plus pour gagner plus".
Or on se rend compte, quand on est salarié, qu'en réalité c'est surtout le patron, détenteur du Capital, qui est le grand gagnant de l'affaire.
En l'occurrence le Libre est nettement moins démagogue et pourrait rendre réelle cette injonction.
En fait, lorsqu'un logiciel est réalisé, il devient libre d'usage (entre autres). Le "Capital" (logiciel) est donc librement disponible.
Cependant le "travail", c'est à dire tout ce qu'on peut imaginer autour de ce "capital" : formation, installation, paramétrage, évolutions spécifiques, etc... reste payant.
Le modèle du Libre est donc en quelque sorte le contrepied du modèle capitaliste puisque le "capital" (logiciel développé) ne rapporte rien en soi, seul le travail que l'on fournit rapporte.
Pour une entreprise, utiliser des logiciels libre a beaucoup d'avantages (même les grosses entreprises le comprennent petit à petit).
En effet, lorsqu'on utilise un logiciel propriétaire (par exemple si j'utilise la base Oracle) on est à la merci de la politique commerciale, tarifaire, évolutive... du développeur de ce logiciel.
Je travaille dans une grande entreprise, et il y a de nombreux exemple où certains éditeurs ont tout d'un coup : pratiqué exorbitants, changé de politique de développement, etc...
A chaque fois ce sont de gros soucis !
Avec le libre, ça donne une assurance. Ce n'est pas pour autant que c'est "gratuit", parce qu'en général on fait intervenir des sociétés pour nous aider. D'ailleurs les grands noms du service (IBM en tête) l'ont bien compris, et proposent tout types de service autour du libre.
Ainsi, si au lieu d'avoir ma base Oracle j'ai une base libre (MySQL devient un mauvais exemple vu que racheté par Oracle !), je ne peux pas subir de "chantage de prix". Si la société qui m'aide à le paramétrer se met à délirer sur les prix des prestations, il suffit que je change de société. Si la "communauté" qui développe le logiciel va dans une voie qui ne me convient pas, j'ai le source, je peux gérer ma propre version.
Pour des sociétés comme Canonical, si la distribution finit par avoir du succès, elle peut se faire des revenus en "certifiant" certaines machines (le cas pour Dell), ou en offrant des services de customisation par exemple, des formations, etc...
Pour un particulier... ne compte pas faire comme les chanteurs (ils devraient regarder notre modèle "libre") et vivre d'un logiciel que tu as développé et que tu vends.
Par contre si tu as développé un tel logiciel, et qu'il est un peu compliqué, certaines sociétés peuvent te payer le travail que tu pourrais faire de paramétrage, installation, adaptation, formation, etc...
Bref, c'est toujours le travail qui rapporte (et pas seulement sous forme de slogan démogogique 😛)
Arnaud04
Bonjour,
La question de départ est très intéressante car c'est celle qui revient le plus souvent quand on veut expliquer le fonctionnement du libre.
Tout le monde se pose cette question, même si on n'ose pas toujours la poser dans ces termes.
Je peux donner un résumé de l'explication que nous donnons habituellement lors des soirées "grand public" de notre LUG.
Déjà, la question n'est pas "comment fonctionne le gratuit", mais "comment fonctionne le libre".
Le libre et le gratuit, ce n'est pas la même chose.
Les logiciels libres sont le plus souvent gratuits, mais cette gratuité n'est qu'un effet "collatéral" (heureux) de la liberté.
Mais qui développe les logiciels libres et pour quel usage ?
A cela, en gros et pour faire vite, trois types de développeurs : les particuliers (passionnés), les administrations et les entreprises.
1) Comme certains aiment le tricot ou la course à pied, d'autres sont passionés d'informatique et développent bénévolement des logiciels, ou du moins participent à des projets libres, sur leur temps libre.
2) Des administrations peuvent faire développer des logiciels pour leur propre usage, ou bien en partageant les coûts avec d'autres administrations qui auraient les mêmes besoins. Le développement a bien un coût, ils engagent des développeurs. Mais au final, l'administration peut décider de publier son logiciel sous licence libre, d'abord parce qu'il a été développé sur de l'argent public (impôts), ensuite parce-que cela va permettre que ce logiciel soit analysé, repris et amélioré par la communauté, donc plus performant et plus sûr à la longue.
Quand je dis administrations, je pense aussi aux fonctionnaires de l'éducation nationale et de la recherche, qui développent sur leur temps professionnel (notamment les chercheurs)
3) Des entreprises développent aussi des logiciels pour leurs propres besoins. Elles paient des développeurs pour cela. Ensuite elles peuvent décider de le publier en libre. Une autre entreprise pourra s'en servir, l'adapter et l'améliorer. Donc cela pourra aussi bénéficier à la première. Et au final aux particuliers.
4) Des entreprises comme SUN mettent à disposition une équipe de développeur pour travailler sur des projets libres (ex : OpenOffice).
5) Des entreprises qui vendent des ordinateurs sous Linux peuvent avoir envie de participer financièrement au développement de Linux (c'est bon pour leur commerce).
Voilà quelques pistes.
Arnaud
Bennett
Merci de vos réponses, j'ai un peu lu certains de vos documents. Donc on pourrait imaginer la situation suivante:
Une entreprise A et une entreprise B s'entendent pour passer de Microsoft Office à Open Office. MS Office leur coutait 10'000 euros par ans (chiffre fantaisiste) à chacune. Elles décident donc de mettre cette somme, 20'000 euros ou une partie, dans l'adaptation d'OOo en s'accordant sur quelque adaptions utiles aux 2. Pour ça, elles se font installer et paramétrer OOo sur leurs machines, ce qui leur coûte 1'000 euros à chacune, corriger certains bugs (qui freinent la productivité) pour 500 euros, puis chacune demande quelque modification du soft dont les 2 ont besoin, ce qui coûte au final 5'000 euros à chacune.
Donc elle débourssent 6'500 euros chacune pour un soft adapté à leur production et dont elles ne devront pas renouveller la licence.
Est-ce un exemple réaliste ? Peut-on y ajouter des choses ?