Dernier entretien du Mnla
- Ils demandent, après l’avoir fait envers la France, à être intégrés aux forces de la Cédéao pour combattre les islamistes. C’est conceptuellement impossible. Nous sommes dans une logique d’Etat. L’objectif et la libération du Nord-Mali des islamistes et non de l’Azawad, qui n’a été reconnu par personne. La seule chose qu’ils n’ont pas encore faite c’est de demander à l’armée malienne, ce n’est que là que pourrait être leur place. Or, ils ont bel et bien commis des crimes, à commencer par celui d’Angelhoc où ils ont égorgé une centaine de militaires maliens. Ils doivent être jugés pour cela. Le Mnla ne peut plus être considéré comme un interlocuteur valide pour les Touaregs car c’est, de fait, une organisation criminelle. Les Touaregs doivent laisser tomber cette peau morte s’ils veulent négocier quoi que ce soit. Ils n’ont de toute façon pas pu protéger les populations Touaregs des islamistes. En s’associant aux islamistes d’Ansar Din and Co., ils ont donc aussi trahi leur propre communauté en plus de trahir les Maliens.
- Il semble, au vu de leurs errements d’un interlocuteur à un autre, qu’il soit très difficile pour eux d’envisager quelque chose en dehors d’une logique tribale. Or, le problème pour eux, c’est que le Mali n’est pas un Etat constitué sur un modèle d’organisation tribal comme pouvait l’être la Libye de Kadhafi. Toutefois c’est la même chose en Algérie et ils ne semblent pas, là-bas, poser de problèmes aux autres communautés algériennes. Je n'ai pas connaissance de mouvement indépendantiste du sud algérien ayant pignon sur rue.
- Il est très difficile de trouver des statistiques de répartition ethnique dans les régions du Nord-Mali. Le long de la boucle du Niger (région de Gao), les populations sont à majorité noires, Songhais. Dans la région de Tombouctou les populations seraient majoritairement Berbères (9% de Touaregs). Il n’y a que dans la région de Kidal où leur répartition pourrait être plus élevée. Même si les Maliens répètent que même dans cette région ils sont minoritaires, en l’absence de statistique c’est impossible à vérifier. Quoi qu’il en soit, les Touaregs, dans leur majorité ne semblent pas soutenir les islamistes même s’ils ont peur des exactions vengeresses de l’armée malienne. Ainsi, si l’armée française sera probablement moins bien accueillie que dans les villes plus au sud, je ne pense pas que les populations y soient hostiles.
- Enfin, je remarque que l’interlocuteur du Mnla, dans cette vidéo, dit que les différentes troupes auront besoin d’eux pour reconnaître ceux qui sont islamistes des autres. Cela veut donc dire qu’ils savent qui sont les islamistes, qu'ils les connaissent. Pour des gens qui se présentent comme des combattants, puisqu’ils veulent être intégrés dans les armées, cela semble pour le moins suspicieux de connaître son ennemi et de ne pas le combattre. Il y a bien des milices songhais qui luttent, comme mouvement de résistance et avec les moyens du bord, contre les islamistes qui occupent les villes du nord.