Bonjour tout le monde,
Je dois avouer que c'est avec surprise et avec plaisir que j'ai retrouvé mon article sur ce forum (
www.librepolitique.wordpress.com).
Je vais être honnête tout de suite et donnez raison au plus suspicieux d'entre vous, je suis bien à l'UMP, et ce que certains appellent un "fils à papa". Je n'en suis ni fier, ni honteux. C'est comme ça. Et malgré mes efforts pour dépasser ma "condition", je constate qu'elle demeure visible entre les lignes.
Toutefois, je tiens à préciser que ce petit texte est surtout emprunt d'encore un peu de naïveté, mais certainement pas de mépris, de condescendance ou d'ignorance de la situation de la jeunesse, et notamment de celle en grande difficulté économique et sociale. Je tiens également à préciser que, bien que de droite, je reste très attaché au principe de solidarité et ses corollaires, les droits sociaux. Enfin, j'ai eu la chance d'être aidé par ma famille, ce qui m'a en réalité permis de prendre des risques que ce soit sur le plan personnel (amoureux) et académique.
Le fait est que ce n'est pas vraiment pour moi que j'ai écrit ce texte, parce que j'ai le droit à l'erreur. Je peux perdre mon job (oui j'ai un job étudiant qui me prend une 60 heures par mois), je peux redoubler, je peux partir en vacances (là où je préfère faire des stage ou des jobs étudiant), je peux donner du temps et de l'énergie à ma relation amoureuse, je peux surtout, et c'est là le plus important, avoir des rêves et des ambitions comme avoir une belle famille, un métier sympa et une bonne bande de copains. Bref, je peux prendre des risques, qu'ils soient affectifs, professionnels ou académiques. Pourquoi ? Parce que je fais parti de ces jeunes qui, grâce à leur famille, dispose d'une solution de secours, d'un matelas sur lequel je peux tomber.
Pour la "jeunesse" en générale dans laquelle certains ne se sont pas reconnus, je sais que les choses sont différentes. L'insécurité matérielle est stressante, prenante et sérieusement handicapante. L'impression d'être "coincé" très forte et que ceux qui n'ont pas ces problèmes prendrons de toute façon la place que vous aurez par malheur désiré l'espace d'un instant.
Ce que je souligne, c'est que la plus grande inégalité n'est pas nécessairement matérielle. Elle réside dans le fait que certains ont les moyens d'espérer et d'autres non. Certains peuvent faire des erreurs et perdre un job, quand d'autres peuvent trop difficilement se le permettre. Certains peuvent redoubler ou hésiter dans leurs orientations, quand d'autres ne le peuvent pas. Certains peuvent dépenser de l'énergie dans leur relation amoureuse (parce qu'il en faut 🙂 ), quand d'autres ne leu peuvent que trop difficilement.
Tout ça, je pense, ne dépends pas de la gratuité de la scolarité et de l'enseignement supérieur. Tout ça ne dépends pas des aides au logements. Tout ça ne dépend pas de la durée des indemnités chômage. Cette sécurité matérielle, sociale et psychologique dépend, dites-moi si je me trompe, de l'incapacité du marché du travail, du marché immobilier et celui de la formation (en présenciel, en continue ou à distance, à ouvrir des espaces pour ceux qui voudraient tenter leur chance, et offrir un bouée de sauvetage en cas d'échec. Ce qu'on appel aujourd'hui sécurité avec une bonne dose d'illusion, ne profite en réalité vraiment qu'à ceux qui sont déjà en sécurité, c'est-à-dire des gens comme moi. Jamais le marché du travail n'a autant été "sécurisé" qu'aujourd'hui. Pourtant, personne ne me dira qu'il est sûr. Jamais le marché immobilier n'a été autant subventionné, pourtant personne ne me dira qu'il est facile de se loger. Les études ne sont pas chères, pourtant personne ne pourra me dire qu'il suffit d'avoir son diplôme pour être reconnu sur le marché du travail.
Bref, à rendre extrêmement risqué et bien trop couteux un licenciement, papa ne prendra effectivement que son fils. A rendre la résiliation unilatérale d'un bail quasiment impossible, le propriétaire ne prêtera qu'à ceux qui sont déjà en sécurité. A dévaloriser les universités au nom de l'égalitarisme, ceux qui peuvent se payer une école de commerce (donc qui sont déjà en sécurité) récupèrent les emplois les plus sûrs.
Je suis peut être naïf, mais je regarde la situation de là où je suis, et ce que je vois, c'est qu'un chef d'entreprise n'attend que ça de pouvoir embaucher des jeunes qui ne viennent pas que de son microcosme social, que des propriétaires n'attendent que ça de louer leur logement à des jeunes qui démarrent et prennent des risques et que les entreprises adoreraient embaucher des jeunes issus de l'université, mais qui ne voient pas qu'est-ce qui, dans leur formation, leur a appris à connaître le monde professionnel.
Tout est extrêmement rigide, chaque choix économique et social ne peut être fait sans qu'il y ait un nombre de garanties que seule la jeunesse dont je suis issue peut apporter, du moins au premier abord (les apparence sont souvent trompeuses). Ces garanties sont comme des primes de risques que peut de moins en moins de gens ont le luxe de pouvoir se payer. Le prix de la prime de risque va croissant avec la rigidité du système.
J'espère que ce petit plaidoyer en faveur de la jeunesse ne sera plus rangé trop rapidement du côté "fils à papa encarté à l'UMP".
Bien cordialement,
Guillaume A.
www.librepolitique.wordpress.com