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Edward Snowden en fuite : le paradoxe du réfugié numérique
L'actu Médias / Net | Quitter les Etats-Unis, oui, mais où aller ? Pour Edward Snowden, l'exil en territoire semi-hostile semble préférable à l'emprisonnement dans son pays.
Le 24/06/2013 à 18h21 - Mis à jour le 24/06/2013 à 19h37
Olivier Tesquet
Détournement de l'affiche d' Arrête-moi si tu peux .
Détournement de l'affiche d'Arrête-moi si tu peux.
Dix centilitres de la trilogie Jason Bourne, une pincée d’Arrête moi si tu peux et deux cuillérées du Terminal, de Steven Spielberg : c’est une recette hollywoodienne, mais c’est surtout la vie d’Edward Snowden depuis ce week-end. Formellement poursuivi pour espionnage par la justice américaine, le whistleblower de la NSA, qui a révélé l’existence du programme de surveillance PRISM, a préféré prendre le maquis.
Dimanche matin, avec un blanc-seing des autorités, il a quitté Hongkong, direction la Russie. On l’a annoncé en Islande, au Venezuela, sur Mars, partout, nulle part. Jamais à la traîne, WikiLeaks s’est mué en agence de presse alternative en revendiquant rapidement un rôle dans l’exfiltration du nouvel ennemi de l’administration Obama.
L’emballement médiatique a même atteint son paroxysme lundi 24 juin 2013 au matin, quand plusieurs correspondants de presse moscovites ont pris d’assaut un vol à destination de La Havane sur lequel était enregistré un certain M. Snowden. Ils étaient tous là. Sauf le principal intéressé, qui n’a laissé qu’un siège vide et son lot de questions sans réponses. Dans l’après-midi, c’est le ministre des Affaires étrangères équatorien qui est venu ajouter sa voix à la cacophonie ambiante, en évoquant une demande d’asile et des discussions avec la Russie. Et ça vous étonne encore ?
Anti-impérialisme lifté
A la faveur d’une situation politique inique – les Etats-Unis poursuivent méthodiquement pour espionnage tous ceux qui révèlent l’espionnage auquel se livrent les Etats-Unis, déjà huit cas au compteur pour Obama – Snowden est peut-être en train de incarner la figure de 2013 : celle du réfugié numérique. Soit le ressortissant d’un Etat de droit préférant mettre les voiles vers des horizons paradoxalement moins accueillants.
Un
autreD’après les assignations officielles fournies par Google, la firme aurait reçu une ordonnance le 14 juillet 2011 dans le cas de McCarthy, lui imposant de fournir « des rapports et d’autres informations » sur son compte Gmail. Les données effectivement saisies remontent jusqu’à novembre 2009 incluant des noms et des adresses physiques, des adresses IP mais également ses différents interlocuteurs, les récurrences et la géolocalisation des échanges.
Récemment, Julian Assange publiait une tribune acide, critiquant le pouvoir de surveillance Google, dont l’apologie est faite dans l’ouvrage « The new Digital Age », corédigé par Eric Schmidt, le P-DG de Google. Celui-ci dénonçait déjà les « dispositions juridiques autorisant l'installation de portes dérobées sur les logiciels afin de pouvoir espionner les citoyens, contrôle des réseaux sociaux et collecte d'informations sur des populations entières. Toutes ces mesures sont déjà largement en usage aux Etats-Unis. ». Selon lui, « la démocratie se trouve subvertie par les technologies de surveillance, et le contrôle est rebaptisé avec enthousiasme "participation" ».