C'est l'exécuteur des condamnations à mort : il est très soucieux de ne pas faire souffrir ses victimes, d'où l'importance de bien connaître la taille et le poids du supplicié pour déterminer la longueur de la corde. Une corde trop courte risque de provoquer l'étranglement du condamné et le faire souffrir inutilement. Une corde trop longue risque de provoquer sa décapitation. Il faut donc calculer la bonne longueur par rapport aux mensurations et au poids du supplicié pour provoquer la rupture des vertèbres cervicales suivie d'une mort instantanée.
Albert Pierrepoint est l'exécuteur en chef du royaume britannique. Il pend de nombreux criminels de guerre nazis en 1945 mais il a une faiblesse : il déteste pendre des femmes. Et c'est la cas lorsqu'il passe la corde au cou de la jeune
Irma Grese , au « visage d'ange »paraît-il, mais gardienne impitoyable, cruelle et perverse dans plusieurs camps de concentration nazis pendant la guerre. Albert commet l'erreur de croiser son bleu regard au moment fatal alors qu'impassible (déformation professionnelle?) elle lui semble lui donner un dernier ordre « Schnell ! » comme pour en finir au plus vite.
Albert ne vit pas que des 15 livres par exécution que lui versent les autorités pour chaque pendaison. Il tient aussi un pub londonien avec sa femme. C'est là qu'un soir il entend une jeune et jolie femme imaginer avec des amis à elle les horreurs de la mort par pendaison (visages noirâtres, corps tordus comme des ceps de vigne, langues épaisses et violacées pendant sur les mentons, jambes souillées des déjections...) Albert se permet alors d'intervenir -sans dévoiler sa fonction- en précisant que les techniques de pendaison ont beaucoup évolué et qu'aux mains d'un bourreau expérimenté, un condamné décède sans avoir le temps de ressentir une réelle souffrance. Il affirme même que la plupart des pendus n'ont aucun rictus, ils sont seulement très pâles et leur cou semble s'être un peu allongé.
Ce qu'Albert ne sait pas, c'est que quelques années plus tard, il devra recroiser cette jeune et jolie femme,
Ruth Ellis , dont le destin brisé nous est narré tout au long de ce chouette bouquin de
Didier Decoin (La pendue de Londres/ Edition Grasset), roman basé sur des faits et des personnages totalement réels, sur une histoire vraie mais librement romancée par l'auteur.
Un vrai bon moment, le genre de bouquin qu'on referme avec regret. J'aime beaucoup aussi le style narratif de
Didier Decoin. (8/10)