- Un numéro hors-série de « Philosophie Magazine » daté mars/avril 2015 intitulé « Le Coran » : à la fois passionnant et précieux (7,90 € quand même ! 😛 mais il devrait se trouver dans toutes les bonnes bibliothèques...)

Nombreux contributeurs de tous bords, de toutes nationalités et confessions (politologues, chercheurs, islamologues, philosophes, historiens ) à ce numéro spécial qui tentent de répondre à quelques questions importantes au sujet du Coran.

Q'est-ce que le Coran ? D'où vient-il ? Que dit-il ? Le Coran et les fantasmes de l'Occident etc...

Le tout accompagné de très utiles tableaux philologiques, de repères chronologiques et de lexiques et d'une table d'orientation des différents courants...

Le numéro se termine par un entretien pas facile à lire mais de très haut vol avec le philosophe et historien Marcel Gauchet qui soutient une thèse passionnante allant à contre-courant de beaucoup de points de vue actuels. J'essaie de résumer  : non, contrairement à ce que l'on pense, nous n'en sommes pas à un retour du religieux mais bien au contraire à une sortie du religieux. Car, loin de témoigner du retour du religieux, le fondamentalisme actuel serait plutôt l'expression ultime et rageuse de l'éclipse des religions à l 'âge de la mondialisation et d'une sécularisation qui gagne le monde, certes à des vitesses infiniment diverses et à des degrés infiniment variés selon les lieux et les cultures, mais qui n'en finit pas d'avancer, de toute façon, qu'on le veuille ou non...Point de vue étayé par de très nombreux arguments sérieux et probants...

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- N° 87 de Mars 2015 de Philosophie Magazine intitulé « Guide d'Auto-Défense contre le fanatisme » avec, entre autres, un dialogue intéressant intitulé les « Versets de la discorde » entre Rémi Brague (spécialiste de philosophie antique et médiévale) et Abdennour Bidar (auteur de nombreux ouvrages sur l'islam) : on part de quelques versets du Coran sujets à diverses interprétations (et souvent à polémique) et chacun des deux intervenants donne son point de vue et son éclairage personnel...
J'ai lu la semaine dernière "Sur les épaules des géants" de Stephen Hawking, où il revient sur les grands scientifiques de l'histoire européenne (Kepler, Galilée, Copernic, Newton, Einstein...), tout en tordant le cou à certains mythes et légendes ; ainsi, rien n'atteste que Galilée eu murmuré "et pourtant elle tourne", et de toute façon il n'avait trouvé aucune preuve scientifique irréfutable de la rotation de la Terre...
Certains scientifiques se voient aussi égratignés dans ce qu'on leur attribue, on apprend que Isaac Newton n'a pas découvert la gravitation, mais a réussi à la formuler mathématiquement.
Et sur le rôle parfois cruel de l'Histoire ; ainsi elle glorifie Einstein, mais elle oublie totalement Henri Poincaré ou Georges Lemaître.

Et je me suis mis à relire "La Cité des Permutants" de Greg Egan, que je n'avais pas compris il y a 15 ans...
xabilon a écritJ'ai lu la semaine dernière "Sur les épaules des géants" de Stephen Hawking, où il revient sur les grands scientifiques de l'histoire européenne (Kepler, Galilée, Copernic, Newton, Einstein...), tout en tordant le cou à certains mythes et légendes ; ainsi, rien n'atteste que Galilée eu murmuré "et pourtant elle tourne", et de toute façon il n'avait trouvé aucune preuve scientifique irréfutable de la rotation de la Terre...
On peut faire confiance à l'imagination humaine pour faire des centaines de fromages qui finissent par n'avoir plus qu'un lointain rapport avec le "fait historique réel et original" de départ. C'est d'ailleurs un truc qu'on peut vérifier à son propre niveau : en retravaillant récemment sur une vieille photo argentique, et en développant d'autres prises au même moment il y a très longtemps, j'ai pu vérifier que l'histoire que j'avais retenue de la photo en question n'était pas la même que celle racontée clairement par celles que j'avais prises au même moment et que j'avais totalement oubliées depuis.En fait, je m'étais raconté une histoire à propos de cette photo et j'avais même fini par y croire mordicus alors que là, avec les autres photos prises au même moment, j'ai la preuve que ça ne s'est pas passé exactement comme ça. En somme, on réinvente le passé comme ça nous arrange, quoi...
xabilon a écrit Et je me suis mis à relire "La Cité des Permutants" de Greg Egan, que je n'avais pas compris il y a 15 ans...
Etre une copie de soi-même, est-ce continuer à être soi-même ? C'est la question que se pose Paul Durham tandis qu'il multiplie ses doubles informatiques.

Et il fait une découverte bouleversante : c'est qu'un univers virtuel conçu d'une certaine façon n'a plus besoin d'un support matériel pour exister. L'univers réel peut disparaître, le virtuel poursuivra son expansion. Eternellement.

Paul Durham se demande avec quels êtres peupler sa Création.

La Cité des permutants est probablement le livre le plus novateur de ces dix dernières années. Greg Egan, Australien, est l'étoile qui monte au firmament de la science-fiction mondiale.
http://www.noosfere.com/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=-327280

En voilà une bonne question ! Et une drôle de perspective ! 😛

C'est un sujet qui a l'air diablement intéressant mais...inquiétant aussi !
Effectivement, les questions soulevées sont vertigineuses, concernant la conscience et la matière, l'espace et le temps...
De plus, il y a un côté hard-science/métaphysique autour de l'informatique qui devrait plaire aux geeks de ce forum.
13 jours plus tard
« Soumission » de Michel Houellbecq : difficile de faire la part des choses entre la personnalité médiatique de l'auteur, le foin médiatique spécial autour de ce bouquin spécial et le bouquin lui-même et son narrateur fictionnel.

En essayant de rester concentré sur le bouquin lui-même, moi je dirais d'abord = « soumission » à la désespérante personne du narrateur de l'histoire. Oui mais pas que.

Ce bouquin, quelque part, nous raconte que le narrateur (et à travers lui, peut-être, l'homme occidental ?) n'en peut plus de ses trop grandes libertés, de sa trop grande individualité, de sa trop grande solitude, de sa trop grande sécularisation, de son trop grand agnosticisme et que ça pourrait le soulager de se débarrasser de ces lourds fardeaux en se soumettant à l'islam (ou en faisant semblant de s'y soumettre?) islam qui présente, pour le coup, de nombreux avantages : entre autres, plusieurs épouses -et très très jeunes possiblement - et de sérieux avantages matériels pour ce prof d'une université de Paris-Sorbonne devenue islamique et financée par les riches pays du Golfe.

En mettant de côté toute la part de fiction improbable (ne serait-ce que la façon dont la France se trouve un leader musulman charismatique et consensuel qui résout tous les problèmes sociaux économiques du pays en un tour de main et la façon pacifique dont les choses se passent), je trouve que c'est parfois franchement désespérant par moments tant le narrateur raconte cette histoire comme si il était totalement étranger à lui-même -ce qui me fait un peu penser à « L'Etranger » de Camus par moments- , tant il paraît totalement indifférent à l'humanité et à l'actualité qu'il est supposé vivre, tant il a l'air détaché de tout et dégoûté de tout … Mais je trouve aussi que c'est franchement désopilant à d'autres dans la manière dont il raconte ses histoires de cul, son appétence pour les jeunes chattes, pour les bonnes bouteilles et à travers les portraits qu'il dresse de certaines personnalités connues -Bayrou, entre autres- et le détachement opportuniste avec lequel il endosse l'islam et « ses avantages ».

Franchement, toutes les 3 pages en moyenne, je suis plié ! Et... consterné à d'autres (comme à son absence totale d'affect à la mort de ses parents et à autrui en général...) Mais j'ai l'impression qu'il (je parle de l'auteur, là) fait exprès, qu'il pousse le bouchon aussi loin que possible pour que son apparente inhumanité suscite des réactions : il dit d'ailleurs quelque part que « l'humanisme le fait vomir ». Un étrange dégoût de tout, une profonde paresse, une profonde indifférence blasée aussi parcourent d'ailleurs l'essentiel de ce livre...

Etrange fiction que cette « Soumission »...

Je ne trouve pas que c'est un grand livre tant le style est paresseux et sans éclat. Tant la « grande mutation » de la France apparaît dans ce roman tout d'un coup, sans transition, avec de gros sabots, sans une vraie narration et une vraie analyse qui la rendrait plus crédible.

A mon avis, Houellebecq ne joue pas certainement pas dans la même division qu'Huxley et Orwell...
25 jours plus tard
"Une terre pour deux peuples, Histoire de la Palestine moderne" d'Illan Pappe.

Illan Pappe est membre de la nouvelle génération des historiens israéliens qui récusent toute interprétation unilatérale et officielle de leur pays. C'est un travail que je trouve remarquable, notamment pour toute un épisode historique que je connaissais mal, à savoir la mise en place et en oeuvre implacables du sionisme au total dépens des populations arabes dès la fin du XIX °, puis au début du XX°, puis pendant et après la Première Guerre mondiale. Pour qui cherche à comprendre le poids des obstacles insurmontables qui empêchent de trouver une solution au conflit, tout y est.
Peut être est-ce le bon fil pour signaler la mort (hier) de Günter Grass. Une occasion de relire (ou lire pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait) Le Tambour et de revoir (ou voir) le magnifique film qu'en avait tiré Volker Schlöndorff.
Effectivement. Un long article lui est consacré dans la rubrique "Disparitions" du Monde d'hier, mercredi 15 (pour le moment l'article en question semble "open" et non réservé aux seuls abonnés) : http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/04/13/mort-de-gunter-grass-prix-nobel-de-litterature_4615011_3246.html

Edit : j'apprends qu'en 2006, Grass avait révélé son enrôlement à 17 ans dans la Waffen SS, alors qu'il avait prétendu jusque-là n'avoir servi que dans un service auxiliaire de la Luftwaffe
jackpot a écritEffectivement. Un long article lui est consacré dans la rubrique "Disparitions" du Monde d'hier, mercredi 15 (pour le moment l'article en question semble "open" et non réservé aux seuls abonnés) : http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/04/13/mort-de-gunter-grass-prix-nobel-de-litterature_4615011_3246.html

Edit : j'apprends qu'en 2006, Grass avait révélé son enrôlement à 17 ans dans la Waffen SS, alors qu'il avait prétendu jusque-là n'avoir servi que dans un service auxiliaire de la Luftwaffe
Pour moi, Die Blechtrommel est un des + grand film qui soit sur la 2èmeGM. Je l'ai vu bien une dizaine de fois.
Un personnage marquant, vraiment ! Libre penseur
Je ne sais plus si je l'ai vu en entier ce film ou si j'ai zappé en cours, mais j'ai dû passer à côté, il n'a pas dû m'accrocher, je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs. Peut-être le personnage d'Oskar, bizarre mélange d'enfant et d'adulte et qui refuse de grandir ? Faudra que je le revoie.

Pour moi, dans la même catégorie de film dénonçant la guerre et les totalitarismes (et là avec un étonnant mélange de dérision comique tout le long et de force dramatique et prophétique dans la tirade finale ) , c'est "Le Dictateur" de Charlie Chaplin qui l'emporterait, d'autant plus que ce film a été réalisé avant la guerre. Or, tout ce qui va se dérouler est pratiquement prévu et annoncé dans ce film.
godverdami a écrit Pour moi, Die Blechtrommel est un des + grand film qui soit sur la 2èmeGM. Je l'ai vu bien une dizaine de fois.
Un personnage marquant, vraiment ! Libre penseur
Oui c'est une œuvre majeure. Il y a comme ça des livres ou des films qui vous marquent à jamais. Au même titre (livre + film) j'évoquerai Orange mécanique.
jackpot a écritj'apprends qu'en 2006, Grass avait révélé son enrôlement à 17 ans dans la Waffen SS, alors qu'il avait prétendu jusque-là n'avoir servi que dans un service auxiliaire de la Luftwaffe
Grass était une personnalité complexe, comme ses écrits. Après c'est difficile de tirer des conclusions du fait qu'un gamin de 17 ans, de père allemand, qui l'avait fait enrôler vers 11 ans dans les jeunesses hitlériennes, s'engage chez les SS. Qu'il en éprouve ensuite de la honte, comme il le dira lui même bien plus tard, et qu'il ne finisse par l'avouer publiquement qu'à près de 80 ans, ne le semble pas anormal. J'enfonce probablement une porte ouverte mais cela a sans doute été pour lui un véritable traumatisme qui a du influencer toute son œuvre. On ne peut que se demander à quel point le jeune Oskar n'est en fait que le jeune Günter qui refuse de perdre son enfance volée par le nazisme.
A mon avis il faut vraiment que tu revois le film.
murph a écrit Au même titre (livre + film) j'évoquerai Orange mécanique.
+ 1000 pour le film. Le livre, je ne l'ai jamais lu (et peut-être tant mieux parce que je suis souvent déçu par les adaptations cinématographiques de livres que j'ai aimés.) Mais j'ai tellement aimé le film que j'aurais peur à présent d'être déçu par le livre !
murph a écrit
jackpot a écritj'apprends qu'en 2006, Grass avait révélé son enrôlement à 17 ans dans la Waffen SS, alors qu'il avait prétendu jusque-là n'avoir servi que dans un service auxiliaire de la Luftwaffe
Grass était une personnalité complexe, comme ses écrits. Après c'est difficile de tirer des conclusions du fait qu'un gamin de 17 ans, de père allemand, qui l'avait fait enrôler vers 11 ans dans les jeunesses hitlériennes, s'engage chez les SS. Qu'il en éprouve ensuite de la honte, comme il le dira lui même bien plus tard, et qu'il ne finisse par l'avouer publiquement qu'à près de 80 ans, ne le semble pas anormal. J'enfonce probablement une porte ouverte mais cela a sans doute été pour lui un véritable traumatisme qui a du influencer toute son œuvre. On ne peut que se demander à quel point le jeune Oskar n'est en fait que le jeune Günter qui refuse de perdre son enfance volée par le nazisme.
Entièrement d'accord avec toi mais je ne portais aucun jugement sur cet engagement, je n'en tirais aucune conclusion. C'était un simple constat de ma part, c'est tout. Qu'est-ce on aurait fait à sa place, à la même époque, dans les mêmes circonstances ? Qu'est-ce qu'on aurait à sa place de "mieux" ou ...de "pire" (le "mieux" ou le "pire" n'ayant de valeur facile qu'après coup...)
J'aime pas du tout le bonhomme mais j'aime beaucoup son ouvrage "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" (Luc Ferry) Pour qui souhaite découvrir (ou redécouvrir) l'essentiel de la pensée des grands philosophes (sans se taper leurs écrits arides...) c'est l'ouvrage de rêve. D'autant plus que l'auteur sait nous prendre la main et nous guider dans ce dédale avec simplicité, efficacité et sens de l'émerveillement. Ce livre : encore un bon compagnon, un bon "ami de papier"...
« La vérité sur l'Affaire Harry Quebert » de Joël Dicker

Un nombre impressionnant de rebondissements qui tiennent en haleine jusqu'à la fin (plus de 600 pages quand même!) , beaucoup de flash back et de réécritures de mêmes séquences vécues par des personnages différents, plein d'histoires dans l'histoire donc, mais c'est écrit facile et ça se lit facile, ça s'ingurgite comme du petit lait en fait. Donc j'ai accroché c'est clair mais je termine en me disant quand même que je n'ai pas l'impression de m'être fait "avoir" car les dénouements successifs (étonnants) sont tous plausibles et crédibles... Malgré des lourdeurs et, entre autres, une intrigue sentimentale un peu à l'eau de rose, un bon polar, foutrement bien fichu à mon avis.
"Andromaque" de Jean Racine ! 😛 Je vais bientôt voir jouer la pièce et je me suis dit qu'il valait mieux la relire avant : très dur pour moi au début, et puis j'ai trouvé que c'était très beau dès que je prenais le temps de m'attarder sur chaque vers, et d'en peser toutes les richesses et toutes les subtilités d'une "noble" pensée. Oui, ça fait du bien ces beaux alexandrins, ça a vraiment une de ces gueules et de l'allure quoi, une allure qui me fait mesurer par contraste la pauvreté de notre langage parlé d'aujourd'hui avec toutes ces phrases inachevées qu'on ponctue sans cesse de "voilà, "voilà" "et ben voilà" "oui, voilà quoi !" 😛
Bonjour,
Pour ma part, je relis actuellement Baudolino d'Umberto Eco.
Dans ce livre, au cours du sac de Constantinople lors de la quatrième croisade, le personnage éponyme raconte sa vie à un biographe byzantin de l'époque. Sans cacher sa tendance à la mythomanie, Baudolino décrit son voyage vers le royaume du Prêtre Jean - un hypothétique royaume chrétien d'Orient fantasmé par l'occident au moyen-âge.
Umberto Eco nous plonge ici dans l'imaginaire du moyen-âge avec ses créatures fantastiques, un peu comme s'il nous prenait par la main et nous faisait pénétrer dans une enluminure, tel le lapin d'Alice au pays des Merveilles.
A+
Thomas.

PS : il est super ce fil de discussion. Ça m'a donné l'envie de lire plein de bouquins !
jackpot a écrit"Andromaque" de Jean Racine ! 😛 Je vais bientôt voir jouer la pièce et je me suis dit qu'il valait mieux la relire avant
Excellente démarche !
...la relire avant : très dur pour moi au début,
Ça, c'est normal : nous n'avons plus l'habitude de la langue particulière de la cour du roi-soleil.
J'ai connu une expérience comparable en voyant L'École des femmes après dix ans d'abstinence théâtrale du XVIIème : pendant dix minutes, je n'avais rien compris. Puis je me suis dit :
Accroche-toi, puisque tu as toutes les raisons de comprendre.
Pars de ce que tu connais, le sujet : une jeune fille veut épouser un jeune homme qu'elle aime, mais son vieux tuteur la séquestre en vue de l'épouser. Complicité des valets. Happy end.
Et là, miracle : je me suis mis à tout comprendre. 🙂

...toutes les richesses et toutes les subtilités d'une "noble" pensée. Oui, ça fait du bien ces beaux alexandrins, ça a vraiment une de ces gueules et de l'allure quoi, une allure qui me fait mesurer par contraste la pauvreté de notre langage parlé d'aujourd'hui avec toutes ces phrases inachevées qu'on ponctue sans cesse de "voilà, "voilà" "et ben voilà" "oui, voilà quoi !" 😛
1) Attention à ne pas confondre le style de parole, familier ou soutenu, que l'auteur prête délibérément à un personnage, avec son contenu.
Par exemple, Coluche a fait passer des idées très belles en style familier.
(dans le Dom Juan de Molière, tu trouves les deux styles, mais Sganarelle et les paysannes sont dans le stéréotype "style familier, idées courtes".)

2) Cela dit, ta réflexion est hyper intéressante ! Surtout quand on pense que le Racine de la maturité s'exprime avec le vocabulaire le plus réduit de toute la littérature française !

(envie tourment, taureau serpents Ciel cieux dieux généreux (in)juste courroux, feu flamme, perfide cruel sang jaunissantes, rougir pâlir transir brûler pleurer, croupe, laissée, soeur, fille fils père mère frère roi reine prince monseigneur :
je n'ai pas oublié grand'chose ! 😃 )

Oui, malgré cette pauvreté lexicale voulue (absente de ses oeuvres de jeunesse), tu as bien raison de dire :
toutes les richesses et toutes les subtilités d'une "noble" pensée. (...) ça a vraiment une de ces gueules et de l'allure quoi,
Et donc on peut se demander comment il fait.
Exemple. Il ne dit pas :
un canon, presque à poil ! en pleine nuit ! avec les flambeaux, j'te raconte pas le contre-jour ! et on étaient seuls ! Je me demande comment je ne lui ai pas sauté dessus...
Racine (dans Britannicus) dit
. Dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Chouette soirée, hier. Alors, je te dis pas, la pièce était incroyablement recréée par un duo d'acteurs (hommes) faisant partie d'un collectif - La Palmera -qui jouait tous les personnages d'une manière très efficace et même incroyable ! Avec un brin de pédagogie pleine d'humour en introduction pour resituer la pièce et les personnages dans leur contexte historique. Les deux premiers actes ont été joués de manière résolument "moderne" en accrochant au maximum un public très élargi -donc, probablement en heurtant un peu la sensibilité des "puristes" et connaisseurs- mais à partir du troisième acte , la recréation de la pièce respectait totalement la tragédie et la richesse de sa langue ! Un vrai tour de force à vrai dire, pour faire "passer" la pièce auprès d'un public composite : j'avais à côté de moi des lycéens qui n'avaient jamais entendu parler de Racine ou d'Andromaque et qui ne s'étaient pas donné la peine de lire la pièce avant d'assister à sa représentation !

Mon duo de vers préférés :

"Puisque après tant d’efforts ma résistance est vaine,
Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne. "

Il y a aussi l'incontournable : "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? "

Le texte entier : http://www.ebooksgratuits.com/pdf/racine_andromaque.pdf
Je suis perplexe, un lycéen qui n'a jamais entendu parler de Racine ? Pazrsonnellement avant la 3ème on avait déjà étudié Les Plaideurs en 4ème, Le Cid de Corneille (et appris par cœur la fameuse tirade Ô rage au désespoir, ô viellesse ennemie ..... sans parler du fameux alexandrin "Rodrigue, qui l'eût cru ? Chimène, qui l'eût dit ?"
Quant à Molière , je pense que c'était Le Bourgeois gentilhomme qu'on avait épluché scène après scène. Avec l'aide du Lagarde et Michard. Je les ai encore tous (les L et M) et même si j'ai sué dessus, c'était quand même une mine de culture générale sur l'ensemble des domaines.

J'ai eu 3 enfants en collège et en Lycée, je n'ai jamais vu des ouvrages pédagogiques de cette qualité.

Je fais aussi du soutien scolaire (bénévole) à des gamines de 4ème, leurs livres de Français sont à la fois d'une complexité (souvent je ne comprends RIEN de ce qui est dit en grammaire et en méthode d'étude de texte) et d'une pauvreté affligeante quant au contenu littéraire.

Une fois j'en ai aidé une qui devait lire le comte de Maupassant Un million. La pauvre, même si Maupassant n'est pas un auteur considéré comme ayant le vocabulaire le plus complet, elle ignorait TOTALEMENT la signification d'un mot sur 3. Quant au sens du comte, il a fallu qu'on prenne 1 heure dictionnaire en main pour l’éplucher avant de commencer à comprendre. Quand on connaît la patience d'une collégienne de cet âge ! Mais moi j'étais heureux comme tout ! Elle je sais pas, par contre, mais bon elle est revenue le Mercredi suivant ...
Je t'assure...En tout cas les deux qui étaient assis à côté de moi. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne leur en avait pas parlé en classe mais ils avaient dû zapper.