Elzen a écrit
Nairwolf a écritPour la question d'Ubuntu, je suis aussi d'accord avec lui, ce n'est pas 100% libre car il y a, semble-t-il, (ce n'est pas moi qui ait vérifié), des micro-logiciels binaires pour contrôler le matériel. Mais, la principale opposition qu'il semble faire à Ubuntu, c'est surtout la philosophie et la tolérance de ce système par rapport aux logiciels propriétaires. En somme, un OS qui se veut libre ne devrait pas faire de la publicité en disant "voyez comme c'est facile d'installer les logiciels privateurs les plus populaires".
Deux points ici.
En premier lieu, je suis d'accord avec le problème de cohérence qu'il y a à revendiquer la facilité d'utiliser du logiciel non-libre quand on se veut soi-même pour le libre. Néanmoins, il me semble tout autant problématique, toujours à ce strict niveau de cohérence, de renier à un système le droit d'être considéré comme libre pour cette raison.
Libre a, normalement, une définition précise, en quatre points. Aucun de ces quatre points n'est renié par le fait d'accepter la présence d'un dépôt non-libre. Dans le cas d'Ubuntu, il y a effectivement la présence de pilotes intégrés par défaut, qui fait qu'en pratique, tout n'est pas libre. Dans d'autres cas, comme celui de Debian, où l'ensemble du système est placé sous licences libres, il est problématique de dire que le système ne serait pour autant pas libre, en se référant pour cela à une autre acception de ce terme.
En second lieu, il me semble que le point qui prévaut, dans le choix par Stallman de ce qualificatif de « malware » envers Ubuntu, est la présence de la
lens shopping, laquelle se trouve être placée sous licence libre. Ce n'est donc pas forcément d'un problème de « libre ou pas » qu'il est question ici.
Le problème c'est que Stallman utilise le mot libre avec plusieurs sens. Il y effectivement et initialement le libre définie par les 4 liberté. Liberté d'exécuter le logiciel sans restriction, liberté d'étudier, de modifier et de redistribuer le code. Je ne m'intéresse au libre que depuis peu longtemps donc je n'ai pas vraiment de recul historique, mais j'ai l'impression que depuis ses conflits avec l'émergence du mouvement Open Source, Stallaman défend une autre idée du logiciel libre.
Un logiciel libre, selon Stallman, devrait être éthique, et ne pas se comporter comme un malware. A la dernière conférence à Brest, il affirmait qu'initialement, les logiciels propriétaires n'avaient pas forcément envie de nuire à l'utilisateur. Car l'informatique n'était pas encore autant populaire, il fallait convaincre les utilisateurs. Si un éditeur se mettait à avoir des pratiques contestables, sa popularité baisserait aussitôt. Maintenant, dit-il, l'informatique est tellement présente dans nos vies que les éditeurs ne se gênent plus à créer des logiciels mauvais pour les utilisateurs. C'est devenu mauvais courante. Disons qu'on est passé d'un mode où le monde propriétaire représentait une probable future menace à une réalité.
Créer un logiciel libre, c'est effectivement respecter les 4 libertés revendiqués par Stallman, et rien d'autre de plus. Un logiciel propriétaire qui cache son code source n'a pas forcément vocation à nuire aux utilisateurs. Mais, nous ne pouvons pas le vérifier. Nous devons juste le supposer, et le croire... A l'inverse, un logiciel libre ne garantit par son intégrité vis à vis des utilisateurs. Il peut être malveillant. Néanmoins, quiconque peut vérifier ce qu'il fait et accepter ce que fait le logiciel en toute connaissance de cause.
Donc, pour être rigoureux, on ne doit pas forcément juger un logiciel selon qu'il est propriétaire ou libre, mais si le fonctionnement du logiciel est considéré comme néfaste pour les utilisateurs ou non. Bien évidemment, dans le propriétaire, on ne peut que supputer, ou s'appuyer sur des faits établis. Mais, depuis l'émergence du mouvement Open Source, il me semble que Stallaman s'est orienté vers un débat assez différent. Les licences libres se sont assez largement multipliés, le modèle, au moins, Open Source trouve de plus en plus d'adepte (Google, Twitter, Microsoft). Stallaman ayant toujours défendu la liberté des utilisateurs, et les utilisateurs eux-même, il essaye désormais de défendre une certaine éthique de l'informatique, même si les logiciels peuvent être considéré comme libre. Puisqu'il ne suffit pas de faire du logiciel libre pour garantir la protection des utilisateurs, il faut aller plus loin !
Pour en revenir sur Ubuntu, si celui-ci utilise effectivement des pilotes propriétaires par défaut, et bien, non, le système Ubuntu n'est pas libre dans son ensemble. Ensuite, on peut nuancer en disant que ces pilotes sont disponibles le temps d'obtenir des pilotes libres, etc, etc. Certes, pour Stallman, utiliser un pilote propriétaire n'est pas acceptable car on peut changer de matériel qui sera piloté par un logiciel libre. Mais cela ne me semble pas si grave que cela. On découvre souvent le libre avec le PC que l'on a disposition, et on se sensibilise peu à peu à la question du libre.
Ce qui me semble plus pernicieux, c'est la volonté affiché de montrer que les logiciels propriétaires peuvent très bien s'intégrer sur Ubuntu. Certes proposer des paquets non-libre (ils ne sont pas installé par défaut) ne justifie pas de traiter Ubuntu de non-libre, mais ce n'est pas très cohérent si Ubuntu souhaite réellement défendre les logiciels libres et la liberté des utilisateurs...
Il me semble qu'adhérer à la philosophie des logiciels libres, ce n'est pas seulement utiliser des logiciels libres, mais c'est adhérer à une démarche de libération des utilisateurs afin qu'ils deviennent maître de leur machine (et non pas l'inverse).