toboggan a écrit
(Ce post est beaucoup trop long et personne ne va le lire jusqu'au bout. :lol: )
Mais non ! Lu avec beaucoup d’intérêt aussi.
toboggan a écrit
C’est à la société, autrement à la politique (dans le sens noble du terme), de prendre de telles décisions et de répondre au questionnement éthique. Décisions d’autant plus complexe que la société évolue, souvent plus vite que la science et la philosophie.
C’est simple : ils sont largués les scientifiques et les philosophes !
Le problème c’est que les hommes politiques le sont probablement eux aussi largués, j’imagine, et même si on accepte de concevoir que les plus sérieux d’entre eux puissent prendre le temps de s’informer sérieusement sur le sujet lui-même et la complexité des enjeux.Si tu ajoutes à cela les préoccupations électorales et les recherches de clientélisme, rien ne va plus.
Quant à la société, si on parle de notre type de société – occidentale etc...en tout cas – elle me paraît a priori aussi peu compétente que les hommes politiques pour trancher dans ce genre de débats.
Tu dis que la société évolue plus vite que la science et la philosophie : je crois qu’il faudrait approfondir ce qu’on entend par « évolution » et aussi – très important et surtout : ce qui véhiculerait et nourrirait au juste cette évolution.Je pense là à trois choses auxquelles il conviendrait de réfléchir :
- la vitesse inouïe avec laquelle circulent les informations de nos jours, vitesse elle-même véhiculée au gré des conséquences vertigineuses de la révolution numérique qui dépasse tout le monde : les philosophes, les scientifiques, la société, les hommes politiques. Cette révolution numérique qui dépasse tout et tous, je crois que c’est un vrai sujet.
- la qualité des informations qui sont diffusées
- la subjectivité avec laquelle chacun s’y réfère en n’y cherchant le plus souvent que ce qu’il veut y trouver et aussi qu’on lui raconte ce qu’il veut entendre (fameux biais de confirmation)
Et il y en a une quatrième qui me vient à l’esprit à l’instant : comment donc parler d’une société qui pourrait être unie, qui pourrait penser à peu près les mêmes choses, être vraiment d’accord sur quelques « essentiels » etc ? Et qui pourrait évoluer pareillement ?
On est tout à fait à l’opposé de cette société idéale en ce moment parce qu’il y a une chose qui me paraît incontestable : la révolution numérique et les réseaux sociaux qu’elle engendre multiplie de manière exponentielle les entre-soi. Voilà un autre vrai sujet à mon avis = la multiplication à l’infini des entre-soi. Les entre-soi et les barrières qu’ils multiplient autour d’eux.
Parce qu’on n’accepte de moins en moins ceux qui ne nous ressemblent pas vraiment, ceux qui ne pensent ni ne croient pas vraiment comme nous, ceux qui ne réagissent pas vraiment comme nous, ceux qui ne se comportent pas vraiment comme nous, ceux qui ne mangent pas vraiment comme nous, ceux qui n’ont pas les mêmes centres d’intérêts que nous etc etc (liste non exhaustive) D’où la multiplication des « clubs » et la création de néologismes du moment (véganisme, islamophobie, féminicides etc etc.)
Comment imaginer une seule seconde qu’une pareille « société » tellement éclatée, morcelée, parcellisée pourrait évoluer uniformément et prendre des décisions suffisamment éclairées qui pourraient convenir au plus grand nombre ?
Comment imaginer enfin que la politique (ou plutôt : les hommes politiques) avec leurs intérêts à court terme du moment puissent gouverner et gérer de manière éclairée, compétente et utile pour le plus grand nombre une telle société (ou plutôt : de telles sociétés ) ?
toboggan a écritCela tend également à supposer une hiérarchie entre philosophie et science où l’une dominerait l’autre alors qu’en fait elles se nourrissent mutuellement. La philosophie influence la démarche scientifique mais les découvertes scientifiques modifient elles aussi les concepts philosophiques et amènent de nouveaux sujets de réflexion. De nombreux systèmes philosophiques se sont d’ailleurs effondrés à la lumière des découvertes scientifique si bien qu’un philosophe ne peut ignorer les faits établis par la science. Dès lors opposer l’une à l’autre interdit une discussion constructive.
On est bien d’accord là-dessus en prenant le recul (beaucoup de recul historique !) sur les choses. Mais comment expliquer alors les incompréhensions qui surgissent parfois entre les deux domaines ?
Je pense tout simplement qu’il y a une fascination des philosophes pour la science et qu’il y a une fascination des scientifiques pour la philosophie. Et que cette fascination réciproque peut engendrer beaucoup de choses...
godverdami a écritJe ne peux m'empêcher de penser que tout ça n'est pas très optimiste.
Pourquoi ? parce que ton post me fait dire que philosophies et scientifiques fonctionnent un peu en roue libre.
C’est l’impression que j’ai aussi et - si je t’ai bien compris - parce que les deux domaines fonctionneraient plus souvent sur des lignes parallèles qui ne se rencontreraient pas - qu'à l’unisson ou en véritable inter-activité.