Bonjour à tous, chers concitoyens !
Au commencement...
Je viens de recevoir mon courrier (tant attendu) du
Ministère de la Culture confirmant mon paiement au titre de la
Contribution Culturelle !
Désormais, chaque mois, tant que je posséderai un
abonnement auprès d'un FAI (pour le moment, il s'agit d'Orange), la somme de
7,5€ sera prélevée sur mon compte. En échange, j'aurai semble-t-il un
"accès libre à toute la culture sur le Net" comme l'ont proclamé certains responsables politiques...
J'avoue être très curieux quant à ce nouveau système de diffusion des œuvres culturelles sur Internet, et un peu
sceptique aussi. Car techniquement, j'ai encore un peu de mal à comprendre comment ça marche, comme une grande majorité des Français.
Je pense qu'après m'être lancé, ça devrait aller mieux ! 😉
En plus, ça fera du retour pour les autres Ubunteros, et on pourra étendre la doc en conséquence.
J'ouvre la lettre...
C'est simple et sans fioritures, juste un petit logo du ministère.
Le premier (court) paragraphe explique que la
préservation de l'exception culturelle française est quelque chose de formidable (le sympathique blabla habituel) et que cette solution inspirée de la
licence globale doit permettre de lever tout risque de la voir disparaitre, en
finançant équitablement nos artistes, tout en garantissant
l'égalité de tous les citoyens devant l'accès à la culture.
Visiblement, le second paragraphe promet non seulement l'accès aux contenus
audio (musique, émissions de radio, conférences) et
vidéo (films, séries, autres émissions, pièces de théâtre filmées) mais aussi aux
livres numériques et même au contenu de nos
musées (pièces modélisées) !
Le troisième paragraphe affirme que le nouveau système de diffusion des œuvres via Internet, nommé ART, a été pensé pour maximiser la
liberté et le confort de l'utilisateur, et qu'un
identifiant unique m'a été attribué, qui va me permettre de configurer mon ordinateur pour en bénéficier.
En dessous, il-y-a une case à gratter, et je me retrouve avec ledit identifiant sous le yeux, me demandant quoi faire...
Au dos de la page se trouve un
guide d'installation.
Tournons la page...
Je repère immédiatement la partie
"Linux". Sympa les gens du ministère !
Ça dit que j'ai besoin de deux logiciels au moins: un
serveur (proxy) ART qui va gérer toutes les opérations de
téléchargement de manière transparente, et un
plugin pour mon lecteur multimédia habituel.
Au choix, pour le serveur, il y a pas mal de libre: freeART, myART, ARTd (un démon) + gART ou kART (les interfaces graphiques de configuration).
C'est juste pour citer les solutions libres et gratuites pour Linux, sous Windows, c'est Microsoft Live ART ou DeezerART, et sous Mac OS X, c'est iART.
Moi je choisis ARTd + gART ! Et apparemment le paquet artd-p2p est aussi recommandé, soyons fous, installons-le !
Ensuite, toujours dans la
logithèque Ubuntu, je récupère
rhythmbox-plugin-art et
totem-plugin-art. On verra plus tard pour MuseumExplorer...
N'oublions pas non plus
arturl, dont on verra l'utilité plus tard, ça me rappelle quelque chose comme "apturl"...
Tout est ou presque est dans les dépôts Ubuntu, sinon, ou si les versions sont trop anciennes, il y a le
ppa du ministère :
https://launchpad.net/~culture-gouv-fr/+archive/ppa, ou même leur dépôt Debian...
Patientons quelques minutes, le temps de l'installation...
Une fenêtre s'ouvre, me demandant si je veux
configurer et lancer immédiatement le démon ART. Oui !
1) Un champ est prévu pour que j'entre
mon numéro unique de contribuable pour la Contribution Culturelle... Un petit test du serveur, tout fonctionne, parfait !
2) Ensuite, on me demande les chemins de mes
bibliothèques de fichiers. Par chance, tout est pré-configuré dan Ubuntu ($HOME/Musique, $HOME/vidéo, $HOME/Documents etc, et des sous dossiers sont créés pour améliorer encore le rangement, par exemple $HOME/Documents/livres).
3) Autre curiosité, le questionnaire me demande quelle
qualité de fichiers je désire par défaut:
professionnel (pour édition des contenus téléchargés, sans pertes),
haute qualité (grand espace de stockage, connexion internet rapide),
qualité standard (recommandé), ou
qualité basse (espace de stockage réduit, connexion internet lente)...
Enfin, l'industrie culturelle respecte le consommateur et donne le choix dans le domaine de la qualité ! Là je dis bravo !
Une petite case en bas attire mon attention: vais-je utiliser
ART en mode peer-to-peer (les fichiers sont les même qu'en téléchargement direct, signés et authentifiés par les éditeurs aussi, et c'est plus rapide pour les fichiers populaires... Un peu comme pour les ISO d'Ubuntu quoi ! Evidemment...
4) Dernière étape !
L'outil de configuration va générer automatiquement un
art-sources.list.
Je coche d'abord les catégories agrégées (on peut dérouler les listes pour cocher précisément la liste des dépôts, mais j'ai la flemme): "Majors du Disque", "Majors Télé et Cinéma", "Maisons d'éditions françaises", "Maisons d'éditions françaises". Je vois "YouTube" Et "DailyMotion" aussi.
Encore une bonne surprise: "Musiciens Indépendants (Jamendo)" et "Musiciens Indépendants (plus...)" sont présents !
Je n'oublie pas non plus "Éducation -> Université de Strasbourg" et "Musées Nationaux Français".
Là, c'est le pied ! Mes rêves les plus fous sont exaucés !
Si je veux, une option me permet d'ajouter un dépôt à la main, ça tombe bien pour mes amis qui sont dans des groupes.
Je vois dans la console que le serveur effectue un "art-get upgrade"... 😉
Passons à l'utilisation:
Je lance
Rhythmbox, et là surprise, il me demande si je veux
transmettre mes statistiques de téléchargement et d'écoute (anonymes, évidemment) au serveur: contribution-culturelle.culture.gouv.fr. Un avertissement précise que plus nombreux seront les gens qui transmettent ces statistiques, mieux seront répartis les fonds récoltés...
Ça fait un peu Big Brother, mais si ça nous dérange vraiment
on peut refuser, et puis finalement c'est pas pire Canonical qui fait la même chose avec les logiciels qu'elle supporte.
D'ailleurs, on peut aussi ajouter un
serveur de vérification privé, histoire de comparer nos statistiques avec celles de l'État, pour vérifier dans la transparence que personne ne fraude. On connait tous des artistes proches du pouvoir...
Le plugin se présente sous la forme d'une
option ART dans le volet de gauche. Un clic dessus, et je peux explorer... euh... En fait j'ai accès à toute la musique et tous les podcasts... TOUT !!!
En fait, simplement, un double clic sur le titre, et ça télécharge dans la bibliothèque locale, et dans les "options", on peut même mettre automatiquement le fichier en file d'attente de lecture. Ou alors on peut lancer une lecture en streaming, juste en appuyant sur "Lecture" !
Il y a quand même une colonne licence dans l'explorateur, pour nous rappeller que si on modifie et redistribue certains fichiers, il faut en indiquer la
paternité.
Idem avec Totem... Même case à cocher au premier démarrage, puis volet de droite... Un explorateur simple et intuitif, et on accès à tout le contenu vidéo imaginable...
Je n'ai pas encore essayé le téléchargement de
livres, mon GoogleBook n'est pas encore arrivé ! L'outil de configuration de ce livre électronique est libre, compatible Linux, et il dispose d'un explorateur de contenu basé sur ART. Un petit ajout, d'ailleurs, je viens d'utiliser gART pour ajouter le
dépôt du journal "Le Monde" en prévision.
Pour les
musées, j'ai juste vu une vidéo sur un blog,
on peut s'y balader en 3D ou en faire une exploration plus "plate" comme dans une encyclopédie, et accéder à une
œuvre en particulier, en haute définition (et en 3D pour les sculptures et installations). J'irai moins souvent à Paris ! 😉
Et le navigateur dans tout ça ?
Tout euphorique, je me suis aventuré sur la toile... Pour y découvrir un monde différent...
Les forums et blogs culturels y prolifèrent. On s'y souci beaucoup moins de technique (encodage, qualité de la synchro des sous-titres) que sur les anciens forums de pirates, puisque la qualité est garantie par les éditeurs, et qu'un seul fichier (pour chaque usage en termes de qualité) d'un même titre musical ou d'un même film circule sur Internet.
En fait, on s'y soucie plus de culture... On découvre des artistes peu connus et on peut même s'envoyer les liens au grand jour sans avoir peur de la modération.
D'ailleurs,
sur le modèle des liens apt://, il y a maintanant les liens art://. Je tombe sur une description enflammée d'un petit groupe sympa et prometteur, je clique sur le lien ART, le gestionnaire de téléchargements de gART s'ouvre. Et me propose de commencer la lecture dès la fin du téléchargement. Idem pour les dernières superproductions hollywoodiennes, ou la dernière curiosité produite hors circuit...
Grâce à son intégration à Totem, et aux autres lecteurs multimédia, ART en mode streaming remplace peu à peu les lecteurs flash qui hélas avaient survécu à l'initiative openvideo (balise "<vidéo>" de HTML 5). On parle déjà d'inclure une balise "<art>" dans HTML 6.
Le mot de la fin
Juste pour faire un peu le geek, j'ai testé la commande "art-get audio -stream tiersen-labsente-04labsente-256.apkg" (j'ai lu sur un blog que le format "apkg" était une sorte de méta conteneur, contenant le fichier "culturel" et des infos utiles à ART, comme les chansons du même album, les reprises etc, un peu comme les dépendances, et les "albums" ou les "séries TV" se comportent comme des méta-paquets).
Tout ça pour dire que Mplayer (en ligne de commande) s'est lancé par dessus ART et a commencé à jouer l'Absente, de Yann Tiersen...
Des rumeurs disent que le système ART pourrait être étendu aux jeux vidéo, dont l'interopérabilité (en particulier sur les unix-like) a été récemment poussée par la sortie de Google Chrome OS...
Bienvenue dans un monde libre !
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Pfiou... Ça c'est écrit. C'est ma vision d'un avenir qui de toute façon n'existera jamais. Il est politiquement condamné. Mais il fallait que ça sorte.
On peut dire que c'est de l'informatique fiction, ou de la politique fiction informatique. Et dans quelques mois, ça sera une uchronie informatique. 🙁
Désolé d'avoir mis ça dans les Actualités. Ça aurait sa place dans le Café, mais j'avais envie de produire un peu un effet de "canular".