pbout340 a écritArkSeth,
la contradiction c'est à la fois vouloir faire bénéficier de la connaissance à l'humanité entière tout en conservant la possibilité de faire de l'argent. Ceci est peut être logique dans un cadre qu'il faut bien nommer par son nom, le capitalisme... mais faire de l'argent n'a jamais "fait du bien" à l'humanité... pour moi, c'est carrément la cause de tous nos comportements mortifères, compétitifs etc... Bon, je vais pas en faire un roman !
C'est un point de vue.
Qu'on peut probablement concilier avec d'autres en faisant remarquer que si la connaissance se doit d'être accessible à tous, il ne faut pas non plus oublier qu'un logiciel (ou quoi que ce soit d'autre qui puisse être placé sous licence Libre), c'est quand même un petit peu plus que de la connaissance : c'est du monde qui a travaillé dessus et qui doit se nourrir, c'est de l'espace (physique et matériel, même quand il ne s'agit que d'une portion de disque dur) permettant de le stocker, qui a un coût de production, c'est de l'énergie nécessaire à sa mise à disposition et à sa reproduction, autant de choses qui ont, dans le monde qui est actuellement le nôtre, un coût que l'on ne peut nier, même si l'on considère que la connaissance elle-même n'en a pas.
Parce que c'est aussi ça, le principe du Libre : c'est applicable au monde dans lequel on vit. Quel qu'il soit.
Tu nous parles de capitalisme. Partons à l'opposée : dans les états qui se réclamaient du communisme, ou qu'on proclamait communistes même s'ils ne s'en réclamaient pas (je passe sur la réalité de cet étiquetage dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas le sujet), il y avait quand même de l'argent en circulation. Comme c'est le cas (à mon grand regret, ça je te le garantis) dans à peu près tous les modèles plus ou moins réalisables qui ont été imaginés jusqu'à maintenant.
Et le Libre n'a de sens que s'il est indépendant du modèle économique en vigueur. On peut être libriste et anticapitaliste. Ou pas. Mais si le Libre n'était pas compatible avec le capitalisme, ce ne serait plus le Libre. Le fait de vouloir rendre la connaissance à l'humanité toute entière implique de ne pas chercher à imposer des restrictions sur le modèle que cette humanité doit appliquer.
Pour que le Libre soit plus qu'une belle idée en l'air, il faut nécessairement qu'il puisse s'ancrer dans la réalité. C'est pour cela que le copyleft est avant tout un copyright : parce que sa plus grande force est justement de prendre ce qui existe et qui est reconnu pour rendre l'idée applicable.
Permettre les usages commerciaux, tout en permettant les usages non-commerciaux, ce n'est pas seulement rendre le Libre compatible avec le modèle actuel. C'est aussi la garantie qu'aucun changement de modèle futur, pas même un qui serait encore plus monétarisé que le capitalisme actuel, ne pourra venir retirer à l'humanité cette connaissance qu'on veut lui apporter.
C'est simplement une condition nécessaire à ce que la connaissance appartienne vraiment à l'humanité... quelle que soit cette humanité.