c-cube a écritLa majorité des arguments que tu y exposes fait référence à d'anciennes versions de la page que tu taxes de mauvaise foi
Ça fait référence à d'anciennes versions parce que c'est précisément l'historique de la page qui me fait considérer qu'ils sont de mauvaise foi.
Ils ont initialement commencé par dire à peu près explicitement que la présence du dépôt non-free était un point de détail de moindre importance ; puis à mesure que les autres soucis se résolvaient, ils ont commencé à construire le discours comme si la présence de ce dépôt était de pire en pire, alors qu'elle n'a pas changé en pratique.
Or, de mon point de vue, un critère évalué de bonne foi est fixe : si ça n'était pas grave à l'époque, il n'y a pas de raison valable que ce soit grave maintenant, puisque les choses n'ont pas évolué à ce niveau. Et si c'est grave maintenant, ça aurait dû l'être également à l'époque, alors pourquoi le minimisaient-ils explicitement à l'époque ?
La mauvaise foi, me semble-t-il, consiste en le fait de s'appuyer sur des points dont on sait qu'ils sont erronés ou déformés. Comment peut-on mieux la mettre en lumière qu'en montrant que leur discours est autant à géométrie variable ?
Après, si je dois analyser l'état actuel de leur texte sans m'appuyer sur son historique… il me semble que les seuls critères qui sont à prendre en compte sont ceux-ci (du moins, je ne vois rien d'autre dans
leurs recommandations qui s'y rapporte) :
« Une distribution système libre ne doit pas aider les utilisateurs à obtenir des informations de mise en œuvre non libres, ni les y encourager. Le système ne doit pas avoir de dépôt pour des logiciels non libres ni de recettes spécifiques pour l'installation de programmes non libres particuliers. »
Concernant la seconde phrase, ils indiquent eux-mêmes que, selon Debian, le dépôt non-free (qui ne correspond pas à une “recette spécifique”) ne fait pas partie du système. Ce dépôt est présent, comme ils le disent, « sur beaucoup des serveurs principaux du projet », mais ce « beaucoup de » veut dire que ce n'est pas sur tous. Or, si ça faisait partie du système, ça devrait être présent partout : il est donc évident que cette seconde phrase ne s'applique pas en l'occurrence.
(Il faut d'ailleurs noter que « beaucoup de » serveurs principaux n'appartiennent simplement pas à Debian, mais sont des miroirs fournis par des universités et autres ; Debian n'est donc pas entièrement responsable de ce qui s'y trouve).
Quand ils disent que le dépôt contrib n'est « pas complètement séparé de la distribution principale Debian (
main) », il faudrait un minimum qu'ils explicitement : ce dépôt, comme le dépôt non-free, n'est par défaut pas présent dans le sources.list : il faut une activation volontaire et manuelle pour installer des sources provenant de ces dépôts. Activation volontaire et manuelle qui est également possible sur tous les systèmes
apt-based, y compris Trisquel et gNewSense qu'ils homologuent. Quelle est censée être la différence ?
L'essentiel de la question porte donc sur ce qu'ils entendent par « aider les utilisateurs à obtenir des informations » et « encourager ».
Leurs griefs à ce sujet sont les suivants : « on peut facilement en prendre connaissance en explorant la base de données en lignes », et « dans certains cas, l'installateur recommande ces micrologiciels ».
Commençons encore une fois par le second : il suffit de tester l'installateur pour se rendre compte qu'en fait de “ recommandation”, tout ce qu'il fait, c'est prévenir qu'un matériel donné ne pourra probablement pas fonctionner sans pilotes privatifs. En mettant côté à côté le texte de l'installateur et celui de la critique, on doit donc constater que, pour la FSF, informer qu'un matériel ne dispose pas de pilotes libres revient à recommander d'installer un pilote privatif. Ce qui voudrait dire qu'à chaque fois qu'ils mènent une campagne de sensibilisation contre un constructeur ne fournissant qu'un pilote non libre, ils recommandent d'utiliser ce dernier ?
Quant à la recherche dans la base de données en ligne recherche dans le contenu des différents dépôts auxquels elle a accès. Les informations qu'elles fournit, dans le cadre d'un logiciel non-libre, sont le nom et la description du paquet, son contenu, et un gros « [non-free] » indiquant que ce paquet n'est pas libre et ne fait pas partie de Debian.
C'est, strictement, le seul point de leurs reproches qui n'est pas soumis à caution par rapport à leurs critères : effectivement, ça donne des informations, puisque ça prévient de l'existence et de la fonction de certains éléments non-libres. Néanmoins, j'aurais tendance à considérer que c'est davantage le critère qui est boiteux, dans la mesure où le satisfaire reviendrait à appliquer une politique de l'autruche. Ç'du Tartuffe, en fait : « cachez ce privatif que je ne saurais voir… ».
Dans l'absolu, ils n'ont donc pas tort de ne pas considérer Debian, vis-à-vis de leurs critères : effectivement, il y a un point litigieux. Faire trois paragraphes d'affirmations douteuses pour un point litigieux, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure manière de témoigner de leur honnêteté à ce sujet.
c-cube a écritEt c'est pourquoi j'ai fini de l'expliquer. Ton analogie mathématique me semblait incomplète, ce qui aurait pu prêter à confusion.
'fectivement. Merci 🙂
c-cube a écritLe soucis est bien que c'est une fonctionnalité par défaut et dont l'optionnalité est plus qu'ambiguë.
Ce que je voulais dire par là, mais je suppose que tu as compris, c'est que c'est contre la façon dont le Dash est pensé que devraient aller les critiques (pas que les tiennes, hein ; je parle surtout pour l'essentiel de ce que j'ai lu à ce sujet), et non pas envers la seule lens shopping, qui n'en est qu'une conséquence logique.
Il y a, je pense, deux soucis distincts : le choix d'Amazon ; et, indépendamment, le fait que l'outil principal de l'environnement soit pensé comme un truc qui va aller faire des recherches externes.
c-cube a écritSur le dernier point que tu soulèves, le choix d'Amazon me paraît très discutable et le « n'importe comment », que je maintiens, désigne aussi bien ce choix, dans ses implications éthiques, que les modalités techniques de sa mise en œuvre (absence d'optionnalité simplement accessible).
Ça dépend sans doute de ce que tu entends par « n'importe comment ». Pour moi, le fait que ça ait été le fruit d'une logique stratégique et de choix tout sauf arbitraires fait que ce terme ne s'applique pas ; sans pour autant rendre les choses moins problématiques (je dirais même au contraire).
c-cube a écritJe rappelle que l'un des buts de Canonical a longtemps été de résoudre le bug n°1 : « Microsoft a une part de marché majoritaire ». Aujourd'hui
ce n'est plus le cas puisque ce bug a été déclaré résolu
par Mark Shuttleworth lui-même. (Ah bon ?)
Aujourd'hui le but c'est donc plutôt d'encourager les monopoles, comme celui d'Amazon par exemple, et de caresser les géants dans le sens du poil (Google, Microsoft) tout en s'efforçant de tirer son épingle du jeu.
Je ne pense pas que leur politique ait réellement changé à ce niveau ; plutôt qu'elle ait été mal interprétée par pas mal de monde. Le fameux bug numéro un portait sur la situation ultra-dominante de Microsoft sur le marché de l'informatique personnelle, et uniquement sur ce point ; et ça m'apparaît cohérent (quoique je ne sois, encore une fois, pas d'accord) qu'ils s'appuient sur des ultra-dominantes autres que celles à laquelle ils s'attaquent pour l'ébranler plus facilement (de la même façon que Microsoft a initialement acquis cette position ultra-dominante en s'appuyant sur la position forte d'IBM).
C'était d'ailleurs, à une autre échelle et avec moins de problèmes éthiques, la raison pour laquelle Ubuntu a toujours proposé Firefox et OpenOffice.org comme logiciels par défauts, en lieu et place des différentes alternatives possibles qu'il aurait parfois été plus facile d'intégrer : précisément parce que ces logiciels disposaient eux-mêmes d'une position assez forte auprès de leur public, quand mettre Epiphany ou Abiword aurait été une plus grande prise de risque.
(Sinon, concernant le bug #1, Microsoft n'a effectivement plus une position dominante sur l'informatique personnelle : vu le nombre croissant d'ordiphones et de tablettes, c'est Google qui a prit le relai. Je ne pense pas qu'on puisse dire que c'est mieux)
c-cube a écritC'est une tournure qui me semble problématique du point de vue de l'origine du sytème GNU/Linux et de ses valeurs historiques de base.
Considérer « le » système GNU/Linux est, à mon sens, une erreur de raisonnement. Il y a le projet GNU, et le noyau Linux. Les différentes combinaisons de ces deux éléments (et d'autres à côté) sont faites par plusieurs intervenants distincts, avec plusieurs valeurs et objectifs différents (pour le dire vite, Mint n'est pas RHEL, qui n'est pas GendBuntu). Il y a plusieurs systèmes GNU/Linux.
D'ailleurs, rien que si tu prends les éléments de base et leurs initiateurs : va demander à Torvalds et à Stallman de se mettre d'accord sur l'origine et les valeurs historiques de base, je crains que ce ne soit assez compliqué.
Je ne crois pas non plus qu'on puisse dire que l'orientation soit entièrement une nouveauté : Red Hat et Novell ont fait des choix de ce genre aussi, il me semble (du moins, je ne crois pas que Red Hat se plaigne de sa position privilégiée vis-à-vis d'Oracle qui, s'il est moins connu du grand public, est également pas mal dans le genre position ultradominante).
Canonical a tiré son épingle du jeu en visant le grand public et en parvenant à acquérir une certaine notoriété de ce côté. Les choix et moyens employés sont problématiques vis-à-vis de mes propos positions ; mais je ne crois pas pouvoir affirmer qu'il en est de même pour l'ensemble du monde libre.
c-cube a écritS'agissant de votre analyse, à toi et Xabilon, selon laquelle les personnes qui critiquent Ubuntu sont en partie des jaloux ou des élitistes qui, de surcroît n'aiment pas les entreprises, elle a peut-être quelque fondement car c'est peut-être effectivement le cas de quelques-unes de ces personnes.
Mais je ne l'ai pas tellement vu s'exprimer de la sorte dans ce sujet et il y a aussi beaucoup d'autres raisons bien plus objectives de formuler des critiques envers Ubuntu.
Je te rappelle que xabilon parlait des raisons historiques, avant les histoires avec Amazon. Je pense que c'étaient les principales raisons « historiques » des râleries contre Ubuntu ; mais qui ne sont plus majoritaires désormais.
Et je suis d'accord avec ta conclusion 🙂