necroluckyboy
Bonjour,
L'espéranto n'est pas une langue culturellement marquée, donc personne ne la défend en temps que langue maternelle. Autrement dit, elle ne fera jamais le poids face à n'importe quelle autre langue, puisque ce n'est la langue de personne. Pour la même raison, il n'existe pas de locuteurs réels de l'espéranto. Comme le latin quoi...
Quant à dire que l'espéranto est facile à apprendre c'est totalement subjectif. C'est facile pour ceux dont la langue maternelle est une langue romane. Je veux bien étendre cela aux langues "européennes". (si ça veut vraiment dire quelque chose :rolleyes:) Mais dès l'instant qu'on part d'une langue non-alphabétique, cette langue est tout aussi difficile que l'anglais, le français ou l'allemand.
C'est vrai que la tentation d'une langue aculturelle, neutre est tentante puisqu'on peut se dire qu'elle ne lèse personne, mais rien n'est plus faux dans le cas de l'espéranto : c'est une langue d'Europe, donc elle n'est absolument pas neutre. Elle réunit simplement les aspects "les plus simples" (pour les européens de l'ouest) de certaines langues d'Europe. Et pour ce que j'en sais, cette langue est très hermétique aux nouveaux concepts langagiers et ne possède pas de métalangage (je ne suis pas sûr de ce dernier point, mais je ne trouve rien donc si quelqu'un peut me contredire, je serai content).
Personnellement, je pense que l'espéranto part d'un bon sentiment, mais est encore extrêmement imparfait et fourni un concept inapplicable, au moins pour l'instant.
entwanne
C'est sûr que ce n'est pas en pensant ce que tu dis en première phrase qu'elle avancera. Sinon, l'espéranto est plus facile à apprendre que l'anglais pour un non-européen, bien qu'il y ait un effort à fournir. L'espéranto ne comporte aucune irrégularité je rappelle.
Ningirsu
Pour ceux qui trouvent l'espéranto "trop occidental", ou encore ceux qui pensent que l'espéranto reste difficile pour un asiatique :
http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/langueoccidentale.htm
Mutichou
Ou
ceci, écrit par une Chinoise (en espéranto ; traduction en anglais
ici).
J'ai parlé espéranto avec des Japonais, et ils n'avaient pas l'air d'avoir des difficultés énormes à parler.
Et en Hongrie, j'ai rencontré pas mal d'espérantistes hongrois, et ils n'avaient pas l'air de trouver l'espéranto beaucoup plus difficile que les autres Européens. (Le hongrois n'est pas une langue européenne ; j'ai essayé d'apprendre des bases et c'est vraiment très différent des autres langues d'Europe.)
necroluckyboy
Je développe un peu :
L'espéranto est un langue créée en Europe, par un européen à partir de substrats de langues occidentales. C'est aussi une langue qui, à l'écrit, est alphabétique et qui utilise l'alphabet romain. (je ne parle même pas des origines du lexique, ni de la morpho-syntaxe).
De plus, il me semble que Zamenhof a créé l'espéranto pour permettre à l'origine à différentes populations européennes de communiquer entre-elles en terrain neutre. Mais comme je l'ai dit, une langue n'est jamais neutre, c'est impossible. Les locuteurs s'approprient forcément une langue, et les premiers locuteurs se fabriquent inévitablement une légitimité dans leur statut de primo-apprenant.
Bref, pour toutes ces raisons, il me semble qu'on ne peut pas vraiment soutenir l'idée que l'espéranto est une langue "neutre et non-européenne". J'ai soumis l'espéranto à un public japonais, verdict : c'est moins difficile que l'anglais ou le français. La comparaison reste au niveau de langues européennes. Pour un japonais, les stratégies d'apprentissages restent beaucoup plus simples à développer vers le coréen ou même le chinois (principalement à l'écrit, mais à l'oral aussi). La distance de langue est la principale difficulté à prendre en compte, et l'espéranto ne l'a, à ma connaissance, jamais appréhendé en tenant compte des publics asiatiques, africains, océaniens ou américains (qui ne pratiquent pas de langue européenne comme langue première).
J'irai même plus loin, l'espéranto n'est pas "difficile", mais l'italien est encore moins "difficile" à apprendre pour moi. Et je reviens à ce que je disais sur les locuteurs natifs : Si je veux perfectionner mon italien en me confrontant à des locuteurs natifs, je vais en Italie. Pour l'espéranto, où vais-je ?
Je ne nie absolument pas que l'espéranto, soit moins difficile à apprendre que bon nombre de langue. N'étant pas un code mais une langue, elle doit vivre par elle-même et pour elle-même. Ce qu'elle se refuse à faire dès son origine puisqu'elle se veut neutre. C'est son caractère à ne pas s'attacher à une culture qui fait de l'espéranto une langue morte, et fait que ses chances de se retrouver même enseigner en milieu scolaire (à une échelle nationale) sont très minces. Mais le concept reste très louable, à développer.
A mon avis, l'espéranto n'est qu'un début, constituant une base qui doit être développer, afin de parvenir à quelque chose de beaucoup plus universel. Ce n'est pas une fin en soi.
[supprimé]
necroluckyboy a écritN'étant pas un code mais une langue, elle doit vivre par elle-même et pour elle-même. Ce qu'elle se refuse à faire dès son origine puisqu'elle se veut neutre.
Ça veut dire quoi, ça, concrètement ?
C'est quoi une langue qui vit « par elle-même » ou « pour elle-même » ? Une langue, même « vivante », n'est jamais que portée par des individus faits de chaire et d'os. La tournure de la phrase (« elle se refuse à faire... ») est pour le moins étrange ; une langue n'est pas un acteur, ce sont les individus qui le sont.
À partir du moment où l'on constate que des personnes créent des poèmes, des contes, que des journalistes publient, que des échangent se font « par » et « pour » l'esperanto, alors la langue vit - ou plutôt, est animée - même si c'est à un état embryonnaire.
Mutichou
necroluckyboy a écritC'est aussi une langue qui, à l'écrit, est alphabétique et qui utilise l'alphabet romain.
Ben je vois pas le problème : l'alphabet latin c'est pas compliqué à apprendre, surtout en espéranto où une lettre = un son.
J'ai appris un peu de japonais, et apprendre les kanas c'est pas très difficile. (Les kanjis c'est monstrueux par contre.)
J'ai aussi fait un an de grec ancien, et l'alphabet est loin d'être la principale difficulté.
Je ne suis pas sûr que le chinois soit plus facile à apprendre qu'une autre langue pour un Japonais : l'écriture japonaise utilise beaucoup de signes chinois et c'est tout. Grammaticalement, ce sont deux langues radicalement différente, et la prononciation du chinois a des sons qui n'existent pas en japonais, et je ne parle pas des tons.
necroluckyboy a écritSi je veux perfectionner mon italien en me confrontant à des locuteurs natifs, je vais en Italie. Pour l'espéranto, où vais-je ?
À une rencontre d'espérantistes, ou juste à un cours d'espéranto.
En espéranto on peut atteindre un bon niveau écrit et oral sans sortir de chez soi. J'en ai fait l'expérience : un an et demi après avoir commencé à l'apprendre, et sans jamais avoir rencontré quelqu'un qui parle espéranto, je me suis pointé à une rencontre en Hongrie et je n'ai pas eu de problèmes.
necroluckyboy a écritqui fait de l'espéranto une langue morte
C'est une langue vivante.
necroluckyboy a écritses chances de se retrouver même enseigner en milieu scolaire (à une échelle nationale) sont très minces
Ça se fait déjà
en Hongrie, où on peut choisir l'espéranto comme option au bac. (Apparemment, plus de gens l'apprennent que le français.)
En France ça a déjà été demandé plusieurs fois, mais à chaque fois la réponse a été négative (voir
ça ou
ça par exemple). (Argh, ça me fait mal de lire toutes les idioties dans la réponse tout en bas. Mais c'était en 1922, de nos jours ça s'améliore.)
Ningirsu
Le manifeste de Prague :
http://lingvo.org/fr.php
necroluckyboy
@lunatic: "Une langue qui vit par elle-même et pour elle-même" est une langue qui se rattache à une culture qui lui est propre, qui l'identifie. Une langue "vivante" qu'elle quelle soit dans le monde, se rattache de toute façon à plusieurs cultures (différentes régions au sein d'un même pays, sinon différents pays qui pratiquent la même langue). La langue espéranto ne se rattachant à aucune culture, elle ne sert qu'à exprimer la culture (opinions, idées, etc toujours culturellement marquées, en dehors du cas particuliers du discours scientifique) de la personne qui l'emploie. Ceci s'applique très bien avec le latin ou le grec ancien. Au mieux, l'espéranto est un code. Un code pratique, plus simple que bon nombre de langues, mais un forme de code d'expression. Pas un langue vivante.
@Mutichou: Pour l'alphabet latin, nous ne sommes absolument pas en terrain neutre. Pourquoi quelqu'un devrait l'apprendre et toi non pour arriver au même niveau ? Je reviens au concept de distance de langue. Pour l'exemple du japonais du chinois et du coréen, j'ai utiliser un exemple que je connais bien puisque je pratique le japonais à peu près couramment, j'ai étudier le chinois pendant 2~3 ans, et j'ai commencé à étudier le coréen en septembre. La distance de langue, je commence à connaître un peu. (c'est d'ailleurs en discussion pour être ajouter comme notion d'évaluation dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues.)
De plus, je connais très bien des personnes japonaises, à qui j'ai soumis le cas de l'espéranto et qui m'ont bien signifier que c'était une langue européenne pour eux. On est loin de la neutralité...
Pour ton expérience en Hongrie prouve que le code est partagé par un certain nombre de locuteurs, mais ça n'en fait pas des
locuteurs natifs. Au reste dans la langue aculturelle, qui se rapproche plus d'un code que d'une langue. De là à devenir une langue vivante il y a encore un sacré pas.
Enfin, l'espéranto peut-être présenté au bac en Hongrie, mais quel est son taux d'enseignement dans le secondaire ? Comment sont formés et évalués les enseignants d'espéranto ? (ces réponses m'intéressent vraiment, si tu trouves je suis preneur) En France tu es libre de présenter un très grand nombre de langue au bac, mais dans combien de lycées peux-tu apprendre le(s) berbère(s) ou l'arménien ?
Slystone
Argh ! Ca fait mal aux yeux de lire "langues européennes". Comme si le finnois était proche du français, ou le turc proche de l'espagnol. :rolleyes: Pour les langues il faut arrêter de raisonner en aire géographique ! :mad:
Bon sinon même si l'Esperanto n'est qu'un code, est-ce que ça lui enlève de l'intérêt ? Si des personnes aiment l'utiliser sans que ce soit une langue universelle pour le moment, où est le mal ? Apprendre une langue c'est toujours un plus, et l'idéal derrière l'esperanto est quand même sympa. :cool:
Pour finir j'ai appris une chose qui va ravir les espérantistes : Firefox est maintenant disponible version esperanto.
necroluckyboy
Je dis langues européennes pour faire simple, mais je parle en fait de la famille des langues indo-européennes à forme agglutinante concernant la syntaxe. L'espéranto ne me semble pas s'apparenter au groupe des langues agglutinantes ouralo-altaïques, même si de prime abord ça y ressemble. L'absence de formes aspectuelles trop complexe et la présence de syntaxes spécifiques pour les notions de temps dans le verbe font beaucoup penser au groupe des langues indo-européennes. (N'hésitez pas à me contredire sur ce point si je dis n'importe quoi...)
Après, je l'ai dis, le concept de l'espéranto (langue véhiculaire neutre et non-imposée) me plaît beaucoup. C'est un projet éthique, qui va dans le sens du respect de l'Autre. Mais l'espéranto ne me semble pas être un résultat abouti, il doit encore évoluer pour atteindre son but : Système phonologique qui pourrait encore être simplifié, graphie propre (modèle coréen peut-être ? c'est juste une suggestion. 🙂), plus grande simplification de la morphosyntaxe, etc sont des éléments qui pourraient rendre l'espéranto réellement universel.
Mutichou
necroluckyboy a écritgraphie propre
Oui mais non : déjà qu'une des critiques de l'espéranto porte sur les lettres accentuées bizarres qui gênent en informatique, ce serait largement pire avec une écriture entièrement inventée. Mais je crois que l'alphabet latin n'est pas vraiment gênant pour la neutralité.
Le problème est aussi que l'espéranto est une langue vivante : on ne peut pas décider de changer d'un seul coup la moitié de la grammaire et du vocabulaire.
Sinon pour la Hongrie j'ai trouvé des statistiques sur
cette page (baza = basique, meza = moyen, supera = supérieur, sume = au total).
necroluckyboy
Il me semble de plus en plus évident que changer l'espéranto est impossible. Donc, il faudrait certainement développer un nouveau système linguistique. Certaines bases de l'espéranto pourront être réemployées (tout n'est pas à jeter non plus 😉) mais bien des choses seraient à revoir.
Le système alphabétique romain par-contre est absolument contraire à tout concept d'universalité. C'est l'écriture de l'Europe, passée à l'étranger via le colonialisme ou les pressions socio-économiques de pays plus forts militairement et économiquement sur de plus faibles à un moment donné. Une graphie propre sera un passage obligé au développement d'un outil linguistique universel qui ne lèse personne.
Mutichou
Il y a déjà un paquet de projets dérivés de l'espéranto (
liste non exhaustive), et aucun n'a eu de succès (à part peut-être l'ido).
On ne peut pas créer de langue parfaite ; l'espéranto a des défauts mais il marche très bien comme il est.
Je viens tomber sur ce message amusant du
forum en anglais de lernu!:
I work for a company that makes construction machines. My job is to travel to our customers' workplaces, install their machines, and train them on how to use their new equipment.
One thing I have learned about engineering... Whenever I finish, the customer ALWAYS comes up with a way that they think would improve the machines. Many of their ways are illogical and simply wouldn't work. Frequently, their opinions are in direct conflict with other customers who also think they could have improved the machines. I have grown to accept this as a fact of life in my industry.
Esperanto is an engineered language. As such, it suffers from the three major rules that every engineer has to learn during his first year on the job.
1) You can't please everyone.
2) Everyone has an opinion.
3) Everyone thinks they could have done a better job than you did.
This is a hard message to accept. From what I've read, Mr Zamenhof was humble enough to learn these lessons rather early in his career. Now you know why we need more people in America to become engineers. 😉
necroluckyboy
- Il est possible de développer un système universel plus efficace que l'espéranto, mais il faudra qu'il le soit par des linguistes et (surtout) des didacticiens ayant des compétences dans des langues extrêmement éloignées, en tenant compte de toutes les familles de langues.
- Ce n'est pas mon opinion personnelle. Ce sont des arguments basiques de fonctionnement, de description et d'usage des langues que j'ai rencontré durant mes recherches en didactique des langues. (cf. Le plurilinguisme de Benveniste, Piajet, ou encore Saussure) D'ailleurs, parler de grammaire pour un système qui se veut moderne est complètement anachronique. Mon opinion n'était que la dernière phrase de chaque post.
- Si l'espéranto est si parfait, pourquoi a-t-il autant de difficultés à sortir de nos cher frontières européennes ? L'espéranto est quasiment inconnu en Asie, et encore moins pratiqué. Ca ne me parait pas non plus très répandu en Afrique du nord ni sur le reste du continent.
Voilà, j'ai écrit ce que j'avais à écrire, ensuite je ne relancerai pas la polémique car je considère qu'on a déjà abordé beaucoup de choses. Je ne souhaite pas faire partir ce sujet en troll car je le trouve intéressant.
C'est bien de défendre l'espéranto, mais restez objectif afin de pouvoir identifier et parfaire les éventuelles failles de cette langue. Je vous souhaite bonne continuation dans votre apprentissage de l'espéranto ! 🙂
Slystone
Ce que tu dis est intéressant Necroluckyboy, mais à long terme crois-tu vraiment qu'on peut avoir le contrôle sur la langue?
Par exemple quand on regarde l'évolution des langues, on voit que certaines ont une tendance à devenir agglutinante, puis synthétique, puis inversement... Si on prend en compte la dimension ludique aussi, il y aura toujours des personnes qui crééront des exceptions pour le fun aussi, je ne pense pas que cette tendance disparaisse du jour au lendemain. La langue risque aussi sans doute d'incorporer des emprunts très rapidement aussi. Il n'y a qu'à voir l'impuissance (et l'idiotie) de l'académie française qui s'escrime à inventer des équivalents français.
En même temps en laissant les choses se faire, on peut espérer avoir un système potable. Il y avait 8 déclinaisons en indo-européen, ses descendants sont tout de même beaucoup plus simple. L'intention est louable de viser la perfection, mais (et ce n'est que mon opinion, d'autant plus que je n'ai pas encore eu le temps d'apprendre l'esperanto), je pense que ça ne sert à rien de se prendre la tête plus que de raison, si il y a une attirance pour l'esperanto, autant l'apprendre sans arrière pensée. Elle ne sera peut-être pas adoptée par tout le monde, mais si elle fonctionne pour les européens ça sera déjà ça. Peut-être qu'en Asie ils trouveront moyen de développer leur propre langue commune, ou peut-être que quand l'esperanto se sera développé ils finiront par l'adopter.
necroluckyboy
Slystone a écritCe que tu dis est intéressant Necroluckyboy, mais à long terme crois-tu vraiment qu'on peut avoir le contrôle sur la langue?
Par exemple quand on regarde l'évolution des langues, on voit que certaines ont une tendance à devenir agglutinante, puis synthétique, puis inversement... Si on prend en compte la dimension ludique aussi, il y aura toujours des personnes qui crééront des exceptions pour le fun aussi, je ne pense pas que cette tendance disparaisse du jour au lendemain. La langue risque aussi sans doute d'incorporer des emprunts très rapidement aussi. Il n'y a qu'à voir l'impuissance (et l'idiotie) de l'académie française qui s'escrime à inventer des équivalents français.
En même temps en laissant les choses se faire, on peut espérer avoir un système potable. Il y avait 8 déclinaisons en indo-européen, ses descendants sont tout de même beaucoup plus simple. L'intention est louable de viser la perfection, mais (et ce n'est que mon opinion, d'autant plus que je n'ai pas encore eu le temps d'apprendre l'esperanto), je pense que ça ne sert à rien de se prendre la tête plus que de raison, si il y a une attirance pour l'esperanto, autant l'apprendre sans arrière pensée. Elle ne sera peut-être pas adoptée par tout le monde, mais si elle fonctionne pour les européens ça sera déjà ça. Peut-être qu'en Asie ils trouveront moyen de développer leur propre langue commune, ou peut-être que quand l'esperanto se sera développé ils finiront par l'adopter.
Je suis presque 100% d'accord avec toi. L'espéranto est une langue, qui a évoluée et qui évoluera encore, sans que l'on ait aucun contrôle sur celle-ci. Etant une langue d'Europe, avec un petit nombre de locuteurs, elle rentre dans le cas des langues modimes. Le paradoxe de l'espéranto c'est qu'elle n'est attaché à aucune population, aucune identité, aucune culture pleinement reconnue comme étant le cas espéranto. C'est ce qui fait toute sa force et toute sa faiblesse à la fois.
N'étant la langue de personne, elle peut être la langue de tout le monde. L'effet pervers étant que n'étant la langue maternelle de personne, elle n'est pas défendable juridiquement (au moins en Europe, les autres continents n'étant pas franchement intéressé par celle-ci). Cf la charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Il ne faut pas croire, je suis rentré un peu violemment dans le débat pour "bousculer" un peu mais en réalité j'aimerai bien que l'espéranto se pose comme un moyen crédible de communication inter-culturel. Même si je trouve personnellement qu'il a encore besoin d'évoluer, tu as raison en disant qu'on ne contrôle pas la langue. Cependant, il faut laisser aux gens qui la pratiquent la possibilité de la faire évoluer dans leur sens (un taux d'inter-compréhension de 80% est suffisant pour communiquer) c'est pour cela que je trouve qu'il faut bannir le terme de grammaire de l'espéranto. Celui-ci pose des barrières sévère à l'évolution de la langue et donc à une appropriation personnelle de celle-ci.
Et cette fois j'arrête vraiment. 😉
Slystone
Héhé ! Qui aime bien châtie bien ! 😛
Hé bien on est assez d'accord finalement ! Par contre quand tu dis "laisser chacun s'approprier la langue", j'ai un peu peur de voir ce que cela va donner dans la communauté GNU/Linux (je veux dire l'emploi d'emprunt tels que "if... then... else", ou autres barbarismes). Une insistance sur la grammaire de l'esperanto n'est-elle pas le choix de la peste à la place du choléra ? :lol:
Bon ok, je connais le chemin ---------> []
Ningirsu
Par exemple, on attribue à l'espéranto une nature européenne, flexionnelle et analytique que l'on explique par le fait que Zamenhof ne connaissait que des langues indo-européennes. Mais aucune de ces affirmations n'est vérifiée. En fait: une place importante, dans les caractéristiques de l'espéranto, revient à son substrat polyethnique, notamment aux apports asiatiques et hongrois (l'activité littéraire espérantophone, entre les deux guerres, était centrée sur une pléiade d'auteurs magyars, l'Ecole de Budapest; le hongrois n'est pas une langue indo-européenne). Un des principaux traits de la langue, l'emploi, en tant que mots autonomes, d'éléments qui, chez Zamenhof, n'étaient que des affixes procède dans une large mesure des transformations que la langue a subies du fait de son adoption par des personnes de langue maternelle chinoise, vietnamienne et japonaise.
Zamenhof savait bien une langue non-indo-européenne: l'hébreu, et son oeuvre en porte la marque; par exemple, le champ sémantique du monème -ig-, "rendre tel ou tel ", "faire que", n'a d'équivalent exact, parmi les langues qu'il connaissait, que dans le "hif'il" hébreu (Piron, 1984, p. 26).
L'espéranto procède par agglutination, non par flexion. Les énoncés peuvent y être synthétiques aussi bien qu'analytiques (l'idée "j'irai à l'hôtel en taxi" peut être rendue aussi bien selon le système dit analytique des langues modernes d'Occident, c'est-à-dire à l'aide de prépositions: mi iros al hotelo en taksio que sur le mode synthétique qui caractérise les langues anciennes ou des langues actuelles comme le turc et le finnois : mi taksios hotelen). L'étude des textes et des enregistrements de conversation révèle que ces formes synthétiques sont très fréquentes dans l'espéranto d'aujourd'hui. Par ailleurs, si, sur le plan lexical et phonétique, l'espéranto est indo-européen, il ne l'est certainement pas sur le plan des structures: aucune langue indo-européenne ne se compose comme lui de monème (éléments signifiants) rigoureusement invariables, trait qui caractérise, par exemple, le chinois.
Source :
http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/casetonnant.htm
Mclm
Vous voulez savoir c’est quand la fois où j’ai eu l’air le plus ridicule à l’étranger ? C’est quand j’ai cru qu’on peut se débrouiller partout en Europe en parlant anglais.
En partant en Italie et en Espagne au début de l’été dernier, je n’ai même pas songé une seconde à la nécessité d’embaucher des interprètes. « Voyons donc, tout le monde parle anglais en Europe ! Et après tout, n’ai-je pas étudié l’espagnol et l’italien ? Je vais m’arranger. Tout va bien aller. »
Me semble.
La réalité, c’est qu’il y a plein de gens sur Terre qui ne parlent pas un traître mot d’anglais. Je l’ai vu au Japon, en Russie, en Albanie, au Brésil. Et en Espagne et en Italie, cette année, en 2008. Même les attachés de presse n’y parlent ni la langue de José Bové ni celle d’Alice Waters.
Qu’à cela ne tienne, me suis-je dit promptement en réalisant la présence de l’obstacle, je vais me débrouiller.
Mais avez-vous déjà essayé de jongler avec l’italien et l’espagnol en même temps ?
Euh... Puedo parlare. Non (toujours un peu de français mêlé à tout ça). Posso parlare con el, no il, signore X. Sono una giornalista, si una periodista.. . Grazie, perdone, muchas gracias...
J’ai mal à la tête juste de vous l’écrire et je suis certaine que j’ai fait plein de fautes d’orthographe et de grammaire.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour exorciser l’embarras, j’imagine. Mais aussi pour rappeler à tout le monde que ce n’est pas vrai que l’anglais est devenu la lingua franca des temps modernes. Peut-être dans le monde des affaires. Mais dès qu’on en sort, oubliez ça. Et pas besoin d’aller en Afghanistan ou en Corée du Nord pour tomber sur des gens qui ne parlent pas un mot de la langue de Paris Hilton.
En Espagne et en Italie, pour bien travailler, il faut parler la langue du pays. Ou alors embaucher un interprète, avec les limites que cela impose.
À Naples, par exemple, pas un seul membre de Slow Food Campanie ne parlait anglais ou français. Les producteurs ? Les marchands ? Les chefs ? Oubliez ça. En Espagne, même topo. À Madrid, je n’ai pas prononcé un seul mot d’anglais dans toutes mes entrevues. Finalement, d’ailleurs, j’ai embauché une interprète. Une chance, parce que quand j’ai essayé d’acheter de l’huile d’olive toute seule, le vendeur s’est mis à rire. Il pensait que je voulais de l’huile qui goûtait le gazon.
Il serait vraiment temps de songer à l'Espéranto comme alternative au tout anglais.