Floriane a écrit De mon point de vue la réponse serait la suivante :
Peu importe la vitesse, ce qui compte pour moi c'est tout ce qui s'est "réellement" passé dans le monde sur lequel agit le temps, entre le départ des deux "objets" à un moment donné, et l'arrivée des ces deux mêmes objets à d'autres moments.
Par exemple, comme image pour concrétiser mon idée, on pourrait imaginer que durant un trajet en voiture qui durerait un mois, un trajet en marchant pourrait durer quelques années, et ce serait pas possible de décrire dans les moindres détails tout ce qui s'est passé - personne n'est omniscient à ma connaissance - pendant cette durée.
Très intéressant. Effectivement, on peut très bien reléguer le concept de « vitesse » au profit d’une expérience, d’un vécu qui peuvent paraître bien plus attractifs et réels, à vivre !
En rebondissant sur ton point de vue, on pourrait même supposer qu’en choisissant ce qui peut apparaître a priori comme le moyen de déplacement le moins rapide (à savoir la marche à pied) on pourra ressentir et profiter de plus de choses : par exemple, s’arrêter pour humer puis cueillir des fleurs, prendre le temps de regarder le ciel, prendre le temps d’une rencontre etc etc.. Ce serait en fait rejoindre un des grands apports de la philosophie révolutionnaire de Kant – que je ne n’ai pas encore lu mais dont j’ai étudié la pensée à travers ceux qui l’ont lu et qui la résument- Kant qui dit :
« Aucune connaissance ne précède en nous l’expérience et c’est avec elle que toutes commencent. »
Floriane a écritMais plus que ça, ta question suscite plutôt une certaine curiosité, à se demander ce que ça pourrait importer d'y répondre, si ça importait quelque chose bien entendu.
C’est que moi-même j’ai été surpris en découvrant la réponse et c’est ce que j’essaie de faire partager. Réponse qui mérite débat bien entendu et qui a fait l’objet d’un débat.
Floriane a écritPS : Je ne vois pas vraiment ce que tu entends par "Selon une théorie".
L’explication (et sa source) arrivent.
1) D’abord la réponse (établie il y a une trentaine d’années alors par rapport à la bicyclette) =
environ 6 Km/h !!!! Oui, tu as bien lu ! C’est à dire juste un peu plus rapide qu’une marche à pied « normale » (environ 2 à 3 km/h) ! Le calcul aurait été refait au début des années 2000 et ce serait encore moins vite !
2) L’explication en raccourci : si tu additionnes le nombre d’heures qu’un conducteur a passé à travailler pour gagner de quoi acheter ce véhicule et son essence à la durée des trajets et que tu confrontes ce résultat aux distances annuelles parcourues, disons que la voiture serait à peine plus rapide que la marche à pied.
3) Voici les sources de cette théorie :
Il y a déjà plus de 30 ans, c’est en fait Jean-Pierre DUPUY (1975, p. 433), ingénieur X-Mines et philosophe des sciences, qui démontrait pour la première fois que « la vitesse généralisée de l’automobile est, en général, inférieure à celle de la bicyclette » et qui en concluait : « Loin d’être un instrument de gain de temps, l’automobile apparaît sous cet éclairage comme un monstre chronophage. » Il expliquait ainsi son calcul :
« On estime toutes les dépenses annuelles liées à la possession et à l’usage d’une automobile [...]. Ces dépenses sont converties en temps, en les divisant par le revenu horaire : ce temps est donc le temps qu’il faut passer à travailler pour obtenir les ressources nécessaires à l’acquisition et à l’utilisation de sa voiture. On l’additionne au temps passé effectivement à se déplacer. Ce dernier est estimé à partir du kilométrage annuel moyen, de la répartition de celui-ci en types de déplacements [...], du croisement de cette répartition avec une répartition selon des types de vitesses [...] et d’une estimation de ces vitesses. On ajoute, enfin, pour mémoire, les autres temps liés à l’utilisation de la voiture : temps passé personnellement à l’entretien, temps perdu dans les bouchons, temps passé à l’achat d’essence et d’accessoires divers, temps passé à 1’hôpital, temps perdu dans des incidents, etc. Le temps global ainsi obtenu, mis en rapport avec le kilométrage annuel, permet d’obtenir la vitesse généralisée cherchée.
Les résultats sont les suivants, pour différentes catégories socioprofessionnelles, différentes communes de résidence et différents modèles de véhicule, parmi lesquels la bicyclette (les performances de cette dernière étant calculées bien évidemment selon le même principe). Les données sont relatives à l’année 1967 [voir le tableau 1]. » (1975 réédition 2003, pp. 433-434. Voir aussi DUPUY et ROBERT, 1976)
Les calculs sont très élaborés et difficilement contestables : le prix de revient kilométrique est détaillé par type de véhicule, les salaires horaires par catégorie socioprofessionnelle et les vitesses et distances parcourues par type de réseau (DEBOUVERIE et DUPUY, 1974b).
L’idée fut reprise et popularisée par I. ILLICH qui lui donna un retentissement mondial - Selon J.-P. DUPUY que nous avons interrogé, l’idée.... Selon lui : « L’Américain moyen consacre plus de mille six cents heures par an à sa voiture [...], qu’il l’utilise ou qu’il gagne les moyens de le faire [...], pour parcourir dix mille kilomètres [par an] ; cela représente à peine 6 kilomètres à l’heure. » (1975, réédition 2003, pp. 395-396)
Quant aux limites de ce raisonnement (et aux critiques qu’on peut lui opposer) tu les découvriras en lisant la suite ici :
https://www.cairn.info/revue-d-economie-regionale-et-urbaine-2009-3-page-449.htm
Bonne journée ! 😉