Je reviens sur ton post d’hier que j’ai lu trop vite
Floriane a écrit
Je ne parlais pas de ça, désolé si je m'exprime pas très bien, on oublie toujours que quand on parle sur un forum on est obligé de préciser à l'extrême tout ce qu'on dit. À l'oral par exemple on a l'intonation qui aide et quand on voit son interlocuteur, il y a toutes la gestuelle, les formes que prennent le visage etc. qui aident beaucoup. Du coup on oublie un peu tous ces éléments et on parle comme si l'interlocuteur allait nous comprendre. Ce qui n'est pas toujours évident par écrit avec des gens qu'on ne connaît pas, qui plus est.
C’est un point de vue que je partage d’autant plus que j’ai souvent eu l’occasion de l’exprimer moi-même à plusieurs reprises dans ce forum. Bien des malentendus viennent de la manière dont on communique par écrit dans un forum de discussion : il manque toute la perception qu’on a en communiquant en direct IRL. Faire de la philo dans un vrai café avec de vrais interlocuteurs en face c’est vraiment autre chose !
Floriane a écrit
Je parle vraiment de ta façon d'emmener un sujet de manière très évasive, sous forme de devinette. Tout le monde n'a pas forcément envie de jouer aux devinettes.
Alors c’est très simple : tu n’y joues pas parce que tu adoptes ce point de vue définitif= « je n’en ai rien à foutre. » C’est ta liberté et elle est tout à fait respectable. Aucun souci avec ça.
Floriane a écrit
Quand je parle de "temps perdu" je ne parle pas de mon temps à moi, je ne parle pas du temps que je perçois. Je parle du temps qui passe : si une de tes devinettes dure 1 semaine, c'est une semaine qui est passée et pendant laquelle on aurait pu réfléchir et parler du sujet (si celui-là inspire...) plutôt que de rester devant à ne pas comprendre. C'est une semaine de trop, je dirais. Une semaine pendant laquelle on aura perdu un certain nombre d'auditeurs, et autant de réponses intéressantes sur le sujet.
Contradiction avec ce que tu viens de dire : là tu sous-entends le fait que « la devinette » (comme tu dis, mais ce terme est impropre quand on y réfléchit) t’a accroché en fait, que tu y réfléchis, qu’elle te pose problème. Donc c’est que tu ne l’as pas reléguée au niveau du « j’en ai rien à foutre ». Très bien. Mais c’est ça la philosophie : une recherche permanente qui n’est pas du prêt-à-porter ni de prêt-à consommer. Et on n’y mesure pas le temps qu’on lui consacre de la manière dont on le fait dans n’importe quelle entreprise néo-libérale en terme de « management ». FUCK cette conception ! On n’est pas chez Orange ou Veolia ici, merde alors ! :mad: Luc Ferry nous dit (dans « Sagesses d’Hier et d’Aujourd’hui », un autre ouvrage que je te conseille) qu’il lui a fallu 5 ans (5 ANS ! ) pour bien lire et comprendre, stylo en main, « La Critique de la Raison Pure » de Kant !
Par ailleurs, si une proposition reste lettre morte pendant plusieurs semaines (ce qui a été le cas pour la vache), cela ne signifie pas forcément que certains cherchent et continuent de chercher. Cela peut aussi signifier que tout le monde s’en fout, que « l’accroche » ne fonctionne pas parce que ça n’intéresse personne. Très bien : pourquoi pas ? Aucun souci pour moi : je laisse alors tomber, je ne relance rien, à chacun sa liberté. Mais je ne poste rien qui n’ait de sens. Et si quelqu’un finit par s’y intéresser alors je suis là, et je ranime le truc.
Floriane a écrit
Je te rappelle le sujet du topic :
l'initiateur du topic a écritBientôt la redoutable épreuve du bac, alors révisons mes amis et posons-nous enfin les vraies questions !
Pensez-vous que de la naissance jusqu'à la mort tout est joué d'avance ? Qu'on est totalement déterminé et programmé pour n'être au fond que ce qu'on est en rejouant peu ou prou les mêmes scénarios tout au long de nos vies ? Ou bien, au contraire, estimez-vous que nous disposons d'un total libre arbitre, que nous sommes vraiment libres de choisir (par exemple entre le "bien" et le mal"), qu'en tant qu'Homme notre inventivité et notre créativité est sans fin, que nous pouvons nous réinventer sans cesse en repoussant toujours plus loin nos limites ?
Des questions et des sujets tout à fait concrets. Il ne s'agissait pas de faire des devinettes ou autres énigmes farfelues. Attention, j'ai rien contre les énigmes, les devinettes etc. mais c'est une façon singulière d'emmener un sujet et aussi bizarre d’essayer de faire intéresser les gens à la philosophie, j'ai l'impression. Je conclurais bien que pour preuve, ça ne fonctionne pas...
Désolé mais ENCORE UNE FOIS, concernant l’énigme de la vache, c’est quelque chose de très profond et de très vivifiant même si ça déroute nos esprits occidentaux trop dirigés par le seul mental. Donne-toi la peine de relire
ce post nom d’une pipe et tu verras si je me suis moqué du monde !
Et cet exemple, c’est justement un exemple d’expérience très concrète qui fait l’impasse des « grandes spéculations » abstraites qui sont le lot de beaucoup de grands textes philosophiques ardus que l’on ne peut aborder sans « passeurs ».
Floriane a écritJ'essaie juste de dire que pour discuter du fond, il faut une certaine forme.
Et bien justement : plus la forme proposée est simple et ouverte, plus elle provoque la curiosité, l’étonnement, plus elle peut prêter à l’envie d’une réflexion plus approfondie. C’est l’exemple même du kōan asiatique.
Parce que sinon, si tu veux qu’on pose d’emblée la question de la « substance » et des « modes » chez Spinoza ou de la nouvelle théorie de l’objectivité chez Kant avec ses « concepts purs », et ben là, on est mal barrés !
Floriane a écritPeut-être que je me trompe, mais je partage mon point de vue aussi pour avancer, pour qu'on puisse me contredire. Pour arriver à la fin, à parler de philosophie et pourquoi pas philosopher dans des échanges simples, abordables par le plus de personnes possibles.
« Je partage mon point de vue » euh… bon 😛 Y a trop d’hommes politiques qui ne font que ça (LOL). Non bien sûr qu’on est là pour contredire mais aussi pour pouvoir
se contredire. On évolue dans le temps, on peut très bien ne plus être d’accord avec tel point de vue qu’on partageait avant.
Exemple : André Comte-Sponville a été marxiste pendant 10 ans dans sa jeunesse et un grand ami d’Althusser. O.K. Mais il n’est plus marxiste depuis un bail. Il est passé à autre chose. (Attention : sans renier toutefois
tout Marx. Et il cite souvent Marx comme un repère incontournable dans la construction de sa propre pensée)
Ce que tu constates aussi quand tu t’intéresses un peu à l’histoire de la philosophie c’est que les philosophes sont rarement d’accord entre eux. Mais ce qu’ils ne disent pas et ce qu’ils cachent
c’est qu’ils progressent en s’appuyant sur les apports des philosophes qui les ont précédés. Et chaque grand philosophe est en fait complémentaire d’un autre grand philosophe qui l’a précédé. Chacun fait son miel sur le miel d’un autre. Mais sans le miel du précédent, celui qui suit n’aurait rien pu faire. Kant (XVIII °) a besoin de Spinoza (XVII°) pour «faire du Kant ». Spinoza a eu besoin de Descartes (qu'il a critiqué) pour être Spinoza. etc etc...
Par ailleurs, il ne faut pas être complexé quand on lit les grands textes (ou les commentaires de grands passeurs qui commentent et éclairent les grands textes). Moi je lis souvent avec un stabilo à la main et je n’arrête pas de souligner ce que j’approuve ou de raturer ce avec quoi je ne suis pas d’accord et qui me met même en colère. C’est ma manière d’applaudir ou d’engueuler ces messieurs ! J’ai passé plusieurs moi sur l’ « Ethique » de Spinoza et je peux te dire que je ne me suis pas gêné pour l’engueuler parfois ce Monsieur parce qu'il a une telle manière de couper les cheveux en huit vraiment pas possible. :mad: En plus, Il n’est pas du tout pédagogue et même assez têtu. Oui mais… il y a tout le reste ! Et il m’a mis K.O la plupart du temps ! Dont acte ! :cool: