Iamawalrus a écritToi qui as lu ce livre, est-ce-que tu peux me dire ce qui permet à l'auteur de dire que cette chose qui est la "résonnance", est une "connexion beaucoup plus profonde et subtile qui est très rare" ? Surtout s'il n'arrive pas à identifier ni décrire le phénomène de façon précise.
Je ne l’ai pas toujours saisi moi-même pour être honnête. Je n’ai pas eu non plus l’impression que Rosa inventait là un nouveau concept et je vais te dire juste dessous pourquoi.
Iamawalrus a écritSinon qu'est-ce qui permet de dire qu'untel "résonne" et qu'un autre non ? Quelle est la raison de "sa rareté" ?
Je dirais : quand tu réduis le plus possible le « penser » à « l’être ». Je dirais : quand tu réduis le plus possible la part de mental qui nous encombre à la sensation brute qui fait que tu ne fais plus qu’un avec l’objet (ou le sujet, la personne) de ton observation ou de ta relation, et cela sans pensée, sans abstraction, sans jugement .
Parmenide, bien avant Harmut Rosa, a écrit une phrase d’une incroyable densité : « Le même, en vérité, est à la fois penser et être. » Ce qui va encore plus loin que « réduire le plus possible le penser à l’être » comme je viens de l’écrire.
Iamawalrus a écritVivre en osmose avec la nature c'est le fait de tout un chacun, non ?
ça je crois pas non. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de vivre sur le dos de la nature ou aux côtés d’elle mais également en elle-même au point de ne faire plus qu’un avec elle. Moi je verrai alors la chose à la fois comme une expérience d’action (construire sa cabane, chercher son bois pour se chauffer, aller chasser etc.) mais aussi de méditation profonde ( respirer profondément la nature,
devenir les arbres, le vent, le ruisseau qui coule à côté …)
Iamawalrus a écritEt pour ce qui est de cette "résonnance" ce ne serait pas simplement la reconnaissance de la vie terrestre, celle d'où on vient ?
ça c’est une opération mentale classique. Donc, à mon avis, ça ne colle pas à une vraie résonance.
Iamawalrus a écritÉdit : Après l'être humain est un animal à part : c'est le seul qui arrive à se perdre dans l'abstraction. Ce phénomène qui nous différencie du reste du vivant, qui nous rend plus complexe mais qui aussi nous submerge.
Voilà : là tu vises juste, là on y est. On ne peut pas en être sûr mais on peut penser que le génie propre de l’animal, à le différence de nous, est de ne rien ressasser, d’être en rapport de plain-pied avec les choses, sans aucune médiation. L’animal aurait la capacité d’être simplement là où il est, purement au présent.
L’homme, en revanche, tend à être sans cesse divisé, déchiré entre ce qu’il vit, ce qu’il pense, ce qu’il espère et ce qui est. Dès qu’il porte un fruit à sa bouche ou qu’il regarde un nuage dans le ciel, il n’est pas le fruit qu’il goûte ni le nuage qu’il observe. Il en fait aussitôt des objets séparés de lui, il n’est pas eux, il les interprète, il les qualifie. J'ai bien peur qu'on soit toujours condamnés à ça...
Voilà tout ce qui pourrait nous séparer de la véritable résonance mais vers laquelle il faudrait tendre en travaillant certainement parce qu’elle ne nous est pas donnée naturellement.
Comment ? Peut-être par une expérience de méditation en pleine conscience déjà. J’ai eu la chance d’y avoir goûté un moment avec une excellente prof qui, malheureusement, a dû déménager.