Il me parait évident que le véhicule électrique poussera la France à investir bien plus encore dans le nucléaire. En pratique, ce qui m'inquiète c'est les batteries. Pas seulement au niveau fabrication, durée de vie, et recyclage (et donc pollution, énergie nécessaire). Aussi au niveau de la fiabilité sur l'autonomie, aussi au niveau masse et risque. Un ordinateur portable ou baladeur qui prend feu ou explose avec une toute petite batterie, c'est déjà dangereux. Si jamais cela arrive sur une grosse batterie de voiture utilisant la même technologie et qui concentre beaucoup d'énergie, ça donne quoi ? Une voiture électrique sera interdite de séjour dans certains parkings comme pour les voitures GPL ?
Mais surtout j'ai l'impression qu'on se trompe de combat.
La société, malgré toutes les technologies disponibles, tend à
augmenter cette obligation de mobilité (avec toutes les conséquences sur la vie de famille et sociale). Quand on est jeune et célibataire, c'est très bien d'aller s'installer en ville très près de son lieu de travail. Mais lorsque les gens ont fondé une famille, ils recherchent souvent autre chose: un peu plus d'espace pour leurs enfants, une certaine stabilité au niveau de leur foyer... donc fini le centre-ville inabordable. C'est la banlieue ou proche campagne et des déplacements vers des lieux de travail qui changent de plus en plus souvent au cours d'une vie. Accorder les transports en communs avec ces situations changeantes n'est pas toujours possible, d'où d'énormes besoins en transports personnalisés de chair humaine (voitures).
Mais sur tous ces corps transportés, combien exercent un métier intellectuel ou administratif ? Quel pourcentage exerce son métier derrière un bureau ou un guichet ?
Moi j'affirme que de nos jours, les déplacements d'une majorité de ces personnes sont totalement inutiles, et du pur gaspillage en temps et énergie. Cela coute beaucoup moins cher de transporter le son, l'image, ou le résultat numérisé d'un travail intellectuel, bref l'information ou le service seul. Le
télétravail ne date pas de hier, il était déjà parfaitement possible à l'époque du 56Kbits/s, et pourtant il met du temps à se développer, à se généraliser pour les métiers où c'est possible. Les entreprises et syndicats préfèrent raisonner en heures de présence dans un bureau, qu'en travail fourni effectivement. Du coup le 1er usage d'un ascenseur d'un immeuble de bureau de nos jours n'est plus le transport d'un salarié pour aller à son bureau, mais les innombrables déplacements du drogué à la nicotine.
Alors si en France on voulait vraiment économiser en rejets de CO2, en temps et en électricité, il y a déjà des solutions: le développement du télétravail.
Être moins dépendant du pétrole, très bien. Mais est-ce pour devenir infiniment plus dépendant de l'uranium ? Qui a dit que c'est fini la France-Afrique ? Elles sont où les mines aujourd'hui ? Tout va bien pour les cours en bourse de Areva et Gogema ? Lawl, ta question sur le nombre de centrales est très pertinente. J'ajouterais la question sur combien de rejets supplémentaires à la Hague ? Combien de mines et pollutions/contaminations supplémentaires en Afrique ? Et en France combien de communes ou lieux supplémentaires pour le stockage des déchets ?
Le solaire, l'éolien, l'hydroélectrique ne couvrira pas les gaspillages croissants de notre société. La salade bretonne découpée et emballée à l'autre bout de la France, avec un emballage fabriqué aux Pays-Bas ou en Roumanie, et le produit fini redistribué/transporté au frais dans des hypermarchés de tout le pays, stockée dans les rayons frais, voilà l'exemple typique où l'énergie pour le transport d'une marchandise périssable qui engloutit pas loin de 80% du prix du produit final. Le gout aussi, merdique par rapport à la salade de saison locale. Et avec cette frénésie de consommation de marchandises produites très loin, il ne reste pas grand chose pour les producteurs ou les salariés de la chaine de distribution. Qui a voulu que les gens vivent loin de leur travail et consomment des marchandises qui ont fait 2 fois le tour du pays pour subir un nombre stupéfiant de transformations (genre lait/poudre/lait/yaourt) ?
En attendant, pour le consommateur, il ne faut pas rêver... la voiture électrique, elle sera chère, très chère. Une fois que l'électrique se sera bien développé dans l'automobile, on aura droit à la TIPP sur l'électricité. Vous ne croyez quand même pas que l'État renoncera à ça ? Comment va-t-on payer et rembourser les EPR ?
Mais surtout ici, je suis étonné que personne n'a remarqué le piège. Les industriels préparent tous des contrats très propriétaires et fermés. Aujourd'hui on vous parle de liberté et d'interopérabilité entre station de batteries, prises électriques, et votre voiture, on vous fait rêver. Les premiers modèles pourront peut-être se brancher sur votre prise chez vous. La réalité risque d'être bien plus compliquée sur le long terme. Des DRM vous imposeront de pomper le plein dans des prises spécifiques et la garantie vous interdira l'accès à certaines stations. Il n'est pas question de "voitures libres" ou de liberté dans l'automobile. Vous êtes de plus en plus enfermé dans des contraintes et contrats. Je ne parle pas de permis à points, mais plutôt de crédits, d'assurances, et contrats de services. Entretenir vous-même ou chez qui vous voulez, c'est une pratique libriste qui semble appartenir au passé. Il est de plus en plus question de technologies propriétaires et fermées. Ce n'est pas pour rien qu'ils envisagent tous en ce moment la
vente liée d'un véhicule, et d'un contrat de location ou d'usage de batteries. Nous Linuxiens... on le connait pourtant par cœur
l'article 122-1 du code de la consommation. Survivra-t-il à la voiture électrique ?