L'écureuil et sa cage
Il y a quelques années, l'arrivée dans le paysage Linux d'Ubuntu et de son charismatique mécène a suscité beaucoup d'intérêt, de la jalousie aussi. Il y a eu un engouement fort du public et Ubuntu a rapidement pris la tête des distributions Linux. Son modèle a été copié et une émulation s'est créée entre les distributions
de pointe, Fedora, Mandriva et Suse notamment. Pus tard,Linux Mint a sauté dans le wagon en marche et connait un succès relatif sur les scories laissées par Ubuntu.
Ubuntu,au prix d'immenses efforts a toujours réussi à produire des versions semestrielles et des LTS dans des délais tendus. Malheureusement, au fil des versions, il n'a pu empêcher une sensible dégradation de son image: les versions intermédiaires d'Ubuntu se sont avérées régulièrement instables, le public a déchanté. En réponse à ce phénomène, l'organisation d'Ubuntu s'est durcie et de plus en plus structurée, sans parvenir cependant à l'enrayer.
Le bilan de ces dernières années est peu glorieux. Linux a connu une période de stagnation, voire de déclin auprès du grand public sur le desktop. Ainsi donc, en dépit de tous ses efforts, Ubuntu n'a pas réussi à sortir Linux de son ghetto, et les distributions qui ont adoptées le même modèle se sont heurtées sensiblement aux mêmes difficultés, à quelques nuances près. L'image qui s'impose est celle d'un écureuil pédalant frénétiquement dans sa cage. Tout ça pour rien. Tous ces vrombissements de moteur pour patiner de la sorte. Quelle énergie gaspillée...
Il n'y a pourtant pas de fatalité Linux. Car, pendant ce temps, Linux a accru ses parts de marché sur les serveurs. Android connait le succès fulgurant que l'on sait.
N'est il pas temps d'en tirer des leçons et de penser à mieux distribuer les efforts? Pendant toute cette époque, Debian, tel une corne d'abondance, a continué à alimenter les dépôts d'Ubuntu. D'autres tentent aujourd'hui de secouer ce carcan semestriel. Mandriva, après avoir explosé en vol, est reparti sur une base annuelle et les premiers échos sont favorables. Linux Mint, avec une équipe de taille infime, se tourne vers Debian et élargit le succès prometteur de sa LMDE en publication continue à quatre environnements de bureau.
Allons, j'espère que le dictateur bienveillant saura reconnaître qu'il est temps de songer à un nouveau mode d'organisation, de renoncer à des activités répétitives et épuisantes dont on sait maintenant qu'elles n'apportent rien et de se recentrer sur les faiblesses chroniques de sa distribution et les nouveautés qu'il souhaite y introduire. Il n'y a pas de honte à reconnaître que l'on s'est fourvoyé, quitte à briser quelques
idoles.
J'espère en particulier qu'il aura l'humilité de prendre en compte les très opportunes propositions de son ancien release manager, Scott James Remnant. 🙂