Non, on ne peut pas prendre l'exemple argentin en référence pour au moins deux raisons à mon avis :
- l'Argentine ne peut pas être comparée à la Grèce en potentiel économique, c'est le jour et la nuit.
- l'Argentine n'était pas encore aussi liée au Mercosur quand elle a décidé de se couper du FMI en 2001 que la Grèce n'est actuellement partie intégrante de l'UE, politiquement et économiquement (et même sa gauche radicale, le Syriza, ne veut pas quitter l'euro). Et l'Argentine, que je sache, elle n'a pas été éjectée du Mercosur au moment de sa crise en 2001.
Alors j'en reviens toujours à ceci : si l'UE abandonne la Grèce, elle donne un signal fort de faiblesse aux hyènes qui vont commencer à spéculer sur l'effet domino, puisqu'on voit bien maintenant que l'Espagne (qui est un maillon fort de l'UE) est exposée, sans oublier le Portugal et l'Italie. A plus ou moins court terme, ce sera le dépèçage de l'UE avec des conséquences terribles pour les peuples.
Même si le meccano de l'UE est complètement bancal avec d'importants défauts de conception, la question est à présent de savoir si on laisse se détricoter les choses ou si on décide de sauver l'ensemble, coûte que coûte.
Moi ma position est claire : il faut tout faire pour maintenir l'édifice (j'avais pourtant voté "Non" au Traité Constitutionnel parce que je ne voulais pas d'une Europe ultra libérale).
Pourquoi alors ?
Par réalisme et dans un esprit d'état d'urgence. Parce que l'UE, avec tous ses défauts, constitue malgré tout un espace économique de premier plan.
Parce que c'est, malgré tout un espace de protection pour nous.
(En disant ça, je suis conscient que ça ne suffit pas : il faut que ce soit aussi un espace toujours plus dynamique.)
Parce que la Chine, le Brésil, l'Inde, les Etats-Unis existent aussi à travers le commerce qu'elles font avec cette zone et qu'elles ont besoin de l'UE pour vivre et (peut-être même un jour quand ces pays trouveront leurs limites) : pour survivre.
On est lié, quoiqu'on dise et quoiqu'on fasse et on est allé trop loin pour revenir en arrière.
Je crois qu'il faudrait une sorte de Churchill actuellement à la tête de l'UE (je ne suis pourtant pas pour la personnalisation du pouvoir mais dans certains cas il faut parler d'une voix forte et audible).
Je crois qu'il faut qu'on se sorte de ce mauvais pas, après on règlera nos comptes en interne, on lavera le linge sale en famille, mais là, dans l'urgence, il faut jouer collectif, on n'a pas le choix.
Les hyènes, elles, n'en ont rien à foutre du naufrage de l'UE : ce qu'elles veulent c'est spéculer sur sa faillite pour se bourrer les poches dans un minimum de temps, après elles iront voir ailleurs à la recherche d'autres proies.
Quant à l'Allemagne et "son modèle", faut se calmer : l'Allemagne pourra-t-elle écouler indéfiniment ses machines outils et ses véhicules haut de gamme ? Et la concurrence asiatique dans ce domaine ? Moi je ne lui donne pas plus de dix ans à l'Allemagne à pouvoir poursuivre sur ce modèle. Elle ne sera pas toujours seule à poursuivre sur ce modèle. Et elle a, elle aussi, une lourde dette souveraine (c'est bizarre, on en parle jamais de ça !)
Edit : à propos des sherpas de Bruxelles qui préparent secrètement la sortie de la Grèce :
http://www.liberation.fr/economie/2012/05/18/l-ue-montre-la-sortie-a-athenes_819777